Pandémie // Intervention d’Anne de Beaumont au conseil municipal de Firminy // 7 mai 2020
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Je voudrais compléter l’intervention de mon collègue élu, Arthur Colombet. 
D’abord pour m’associer très chaleureusement aux remerciements qu’il a si bien formulés. 

D’autre part, je voudrais émettre le voeu très fort,  que nous sachions collectivement, élu·e·s, agents municipaux et citoyen·ne·s,  apprendre à sortir grandis de cette crise sanitaire inédite. 

 Oui cette crise a eu, a encore et aura des conséquences très graves, tant pour les pertes humaines,  que pour les impacts financiers sur chacun d’entre nous, mais aussi sur toute la vie économique locale et mondiale,  et sur les budgets publics tant de l’État, que de nos collectivités locales. 

Oui, l’État a été défaillant et a manqué cruellement d’anticipation et de clairvoyance, notamment dans la gestion des masques et des tests qui auraient pu éviter d’abord un certain nombre de décès et de contaminations, mais éviter aussi ce climat de confusion et de défiance généralisée, s’ils avaient été suffisants pour protéger les soignants et autres salariés exposés. 

 Mais comme élus locaux,  nous ne pouvons pas nous installer dans cette attitude unique de dénonciation et de regard critique sur ce qui a été fait. Nous  avons la responsabilité de savoir regarder avec lucidité et aussi avec un regard positif et tourné vers l’avenir,  sur ce que la crise nous apprend. 
  
Construire notre résilience 

Développer notre résilience collective pour  permettre que nos administrés et notre territoire,  apprennent  de cette crise et mettent  en place les actions et les outils qui nous permettront ensemble de mieux réagir à cet immense choc et de nous préparer aux prochains chocs. 
Oui , soyons réalistes. Plus rien ne sera comme avant ! Des hommes respectés comme Boris Cyrulnik et des historiens, nous disent combien les catastrophes (et ce que nous vivons avec le COVID peut être défini comme une catastrophe) vont entraîner des changements profonds, tant dans nos façons de vivre que dans nos fonctionnements de nos sociétés. Plus rien ne peut être comme avant et il ne faut d’ailleurs pas être dans la nostalgie du avant COVID. Nous ne devons pas relancer l’économie comme si de rien n’était ! 
En plus, ne nous voilons pas la face :  il y aura d’autres chocs, notamment des chocs climatiques ! 
  
Les territoires qui se sortiront le mieux de ces chocs globaux,  ce sont ceux qui seront/auront été les plus résiliant devant ce choc. 
  
Et d’abord,  que nous apprend cette crise ? 
–  Elle nous montre combien nos économies mondialisées sont fragiles par leurs interdépendances et leurs recherches centrées sur les profits.  On voit réellement le coût social et politique des délocalisations d’entreprises, faites au détriment de notre souveraineté sanitaire, alimentaire et industrielle.

 – Elle nous rappelle combien le monde fou dans lequel nous vivions, allait à sa perte et qu’il est plus que temps de saisir cette opportunité pour nous ressaisir. 
La propagation du virus a été sans doute aggravée par la haute teneur dans l’air, de micro particules provenant notamment de la pollution atmosphérique.  Osons saisir cet arrêt sur image pour inventer d’autres façons de nous déplacer (à pied ou à vélo) et aussi à moins nous déplacer (télétravail, usage des techniques modernes pour des réunions en vidéo conférence, achats locaux et développement de notre auto subsistance alimentaire … ) 

  –  Elle nous prouve à quel point, l’État providence et les services publics sont précieux et fondamentaux.  Je reviens d’un long confinement dans une cabane dans un pays du Sud où les habitants ne peuvent pas se confiner,  au risque de ne plus pouvoir manger, car leur État n’a pas les moyens de les protéger comme cela est fait dans nos pays riches !! Sachons avoir un regard au delà de nos frontières européennes de pays riches ! 

 – Cette crise nous a montré à quel point le lien social est précieux et combien nous avions oublié la valeur essentielle de tout ce temps à consacrer à cultiver nos relations familiales, amicales ou avec nos voisins. 

Nous sommes donc de plus en plus nombreux à le dire et le réclamer :  il est temps de changer d’orientation fondamentale et de changer de braquet ! 

Que décider donc pour la sortie de cette crise ? 
Oui, il y a des choix fondamentaux à faire et au plus vite. 

Et tant qu’à faire des dépenses publiques conséquentes, orientons-les,  vers des choix plus vertueux et plus écologiques.

 – Mettons au plus vite, comme le dit Arthur Colombet, nos voiries pour qu’elles soient adaptées au vélo et aussi des jalonnements piétons agréables et sécures pour la marche à pied,  pour permettre des déplacements respectant les règles de distanciation physique et échapper aux transports collectifs moins adaptés à ce contexte COVID.  Une association locale de cyclistes propose des solutions très opérationnelles avec itinéraires cyclables, aménagements de nos voiries pour les vélos, et il y a aussi à intensifier les prêts et réparations de vélos, ainsi que l’installation de stationnements vélos de sécurité , jalonnements piétons agréables et sécures, …  Soyons réactifs et créatifs sur ce terrain de la mobilité durable. 

–  Accélérons notre chemin vers notre souveraineté alimentaire avec plus encore de jardins partagés, de potagers solidaires, de jardins en terrasses, ou sur des friches inutilisées … 

– Continuons à valoriser ces liens de solidarité inter-générationnels avec ces sportifs qui livrent des personnes isolées … 

–  Protégeons plus encore la biodiversité avant qu’il ne soit trop tard ! Ce virus du COVID 19 est venu,  suite à la déforestation et à la suppression des abris pour certaines espèces animales.  Lançons cette campagne locale du carré biodiversité pour le maximum d’Appelous ! et d’autres actions … 

–  Activons plus encore ces écoles oasis,  pour que notre commune soit parée aux prochains chocs climatiques. Imaginons un seul instant d’avoir du vivre ce confinement en pleine canicule !! 

 – Intensifions le recours à la monnaie locale,  qui incite les habitants à des achats locaux et les collectivités à soutenir les initiatives locales allant vers plus de souveraineté économique. Soutenons des initiatives dans l’économie sociale et solidaire, créatrice d’emplois locaux et pour des finalités socialement et écologiquement utiles. 
  
– Dans nos choix d’investissements locaux,  privilégions les travaux d’isolation, et un urbanisme plus durable : éco-quartiers, îlots de fraîcheur,  … 
  
–  Et pourquoi pas une fête locale de gratitude pour tous nos soignants et autres travailleurs habituellement invisibles et si indispensables ? 

Ces jours, un appel national est diffusé : » Fabriquons une relance en transition !  » Il s’agit de montrer le 5 juin aux Préfets et Présidents de Région, le foisonnement d’initiatives locales promouvant cette transition vers un monde plus juste socialement et plus durable climatiquement. 
Alors chiche, préparons et recensons tous les projets novateurs de notre territoire et présentons les aux autorités régionales et de l’Etat pour le 5 juin ! 

 De grâce , sortons de l’attitude négative et angoissée développée par certains !  Soyons joyeux dans l’audace et la créativité. En avant pour inventer et créer notre résilience !  Et osons anticiper le monde de demain !  Avant qu’il ne soit définitivement trop tard et comme l’a dit quelqu’un sur les ondes ce jour : «  Inventons du possible ! Sinon, j’étouffe !  » 


Anne de Beaumont, conseillère municipale Europe Écologie Les Verts de Firminy