Principes de déploiement du tri à la source des déchets alimentaires // Intervention au Conseil de Saint-Etienne Métropole // 30 juin 2022
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En préambule, je vais faire une toute petite digression. Je suis très étonnée, de voir aujourd’hui, au conseil métropolitain, à nouveau, des bouteilles en plastique distribuées à chacun d’entre nous.
Monsieur Driol, je ne vous prends pas à défaut puisque l’on en a parlé. J’ai évoqué ce sujet en commission déchets, j’en ai reparlé avec vous. Juste pour un petit rappel, la loi impose, depuis le 1er janvier 2021, l’interdiction de la distribution des bouteilles en plastique jetables. Ce qui veut dire que nous sommes dans l’illégalité au sein du conseil métropolitain. Il me semble que nous avons un devoir d’exemplarité et nous ne pouvons pas nous permettre, surtout alors que c’est retransmis en vidéo, auprès de nos concitoyens, de ne pas adapter la loi au sein du conseil. Je vous remercie vraiment d’un effort pour les prochaines échéances.

Comme toujours, sur les questions environnementales, Saint-Etienne Métropole attend d’être contrainte pour commencer à agir. La collectivité a désormais l’obligation de mettre en place des solutions de collecte séparée ou de valorisation à la source des biodéchets. Pour être exacte, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire oblige “le tri à la source des biodéchets pour tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets”, et ce “au plus tard le 31 décembre 2023”.

Pourtant, les modalités de déploiement du tri à la source des déchets alimentaires proposent ici un tout autre calendrier pour les ménages, qui s’étalera tranquillement, selon les communes, entre avril 2023 et fin janvier 2024. Une nouvelle fois, notre collectivité sera hors délai. Pourtant, de nombreuses agglomérations n’ont pas attendu d’être contraintes : Lille, Lorient, Calais, Clermont, Montpellier, Pau, Niort, Colmar, et bien d’autres… Certes, la loi prévoit que “tous les particuliers disposent d’une solution pratique de tri à la source de leurs biodéchets avant 2025”. Comme quoi, on peut aussi faire le tri dans les lois.

Ce rapport précise également que la fréquence des tournées de collecte va être globalement réduite, afin de s’adapter à la réduction du volume des poubelles ramassées. C’est une conséquence directe de la mise en place de solutions de compostage de proximité, et cela représentera une économie financière et une baisse des émissions produites par les véhicules de collecte non-négligeables. Là, le calendrier anticipe très bien les changements à venir. Comme quoi, quand il s’agit de faire des économies financières, on est capable d’anticiper !

Lors de la dernière commission déchets, le pré-rapport annuel a été présenté. On nous a alors expliqué, non sans fierté, que le coût annuel de la gestion des déchets sur le territoire de Saint-Etienne Métropole était de 81,4€ HT par an et par habitant, alors qu’en France, il est de 98€ HT par an et par habitant.

Mais ce coût de gestion des déchets peut aussi cacher une taxation indirecte des ménages. Par exemple, le compostage partagé de proximité est la solution privilégiée pour les zones à faible densité. Pour cela, Saint-Etienne Métropole ne prévoit que de prolonger les dispositifs de soutien et d’accompagnement déjà existants, avec une participation de Saint-Etienne Métropole qui ne peut excéder 75% du coût total de l’installation. Il reste donc 25% à la charge des citoyens, alors que l’installation de solutions adaptées est, je le rappelle, une obligation à la charge de la Métropole.

Alors certes, la gestion des déchets à Saint-Etienne Métropole est près de 20% moins coûteuse qu’ailleurs en France. Vous estimez que c’est une bonne nouvelle, monsieur le Président, mais ça ne l’est pas, bien au contraire ! C’est particulièrement inquiétant. Cela montre que vous refusez toujours d’investir massivement dans la gestion des déchets, de doter, enfin, les agents de moyens humains, techniques et financiers pour mener à bien leur mission. C’est parfaitement irresponsable envers les générations futures. Certes, un nouveau centre de tri va voir le jour et sa construction demande un investissement de 32 millions d’€. Mais il faut mesurer d’où l’on part et le retard abyssal à rattraper, et surtout, les priorités d’investissement pour votre mandat. Certes, une gestion responsable des déchets sur le territoire métropolitain, une prise en compte sérieuse des enjeux climatiques, une réduction drastique de la consommation énergétique du territoire, ce sera moins visible et moins vendeur électoralement qu’une patinoire flambant neuve à 23 millions d’€ et un quartier design à 60 millions d’€. A chacun ses priorités.

Julie Tokhi, conseillère Europe Écologie Les Verts de St Etienne Métropole

Une réflexion au sujet de “Principes de déploiement du tri à la source des déchets alimentaires // Intervention au Conseil de Saint-Etienne Métropole // 30 juin 2022

  1. Je retrouve dans vos propos la logique qui avait été la nôtre (Philippe Robert, Anne de Baumont et moi-même) pendant le mandat de Maurice Vincent. Nous avions mis en route des démarches qui, hélas, semblent avoir été un peu oubliées depuis, même si le développement de la collecte du verre a été positive. Bien cordialement.

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