
Depuis quelque temps notre agglomération s’est agrandie, ses compétences se sont multipliées ; les ordres du jour de nos conseils de communauté sont conséquents ; c’est souvent difficile pour nous, élus, de pouvoir suivre de près toutes les réalisations et décisions prises par Saint-Etienne Métropole. En même temps, les exigences démocratiques sont de plus en plus aiguës ; face à la multiplication des strates, le citoyen a du mal à s’y retrouver ; nous, élus, avons parfois du mal à contrôler la technostructure dans notre métropole ; ce qui est bien ennuyeux vu que, normalement, les élus doivent maîtriser les services qui gouvernent. Avec le mouvement des gilets jaunes et la désaffection croissante des citoyens devant les urnes, il reste pourtant indispensable que nous, élus, suivions de près les travaux du conseil métropolitain. Je suis la première à déplorer la façon dont, maintenant, nous approuvons à toute vitesse les Plans Locaux d’Urbanisme des diverses communes de notre métropole, et pourtant c’est lourd et long de lire tous ces documents du PLU. Quel dommage.
Pourtant, il reste certains pans de notre intervention communautaire qu’il est plus aisé de suivre de près. Nos services de Saint-Etienne Métropole passent beaucoup de temps à rédiger et rassembler les éléments nécessaires aux bilans annuels de nos politiques publiques ; comme, par exemple, le rapport annuel de la politique développement durable de Saint-Etienne Métropole, qui fut discuté au dernier conseil de communauté. Je trouve logique de lire de près ce document de cent pages, qui permet une belle vision synthétique et transversale du travail de diverses délégations de la Métropole, et d’avoir un aperçu de l’impact de nos politiques publiques sur la réduction de notre empreinte écologique.
Pour le dernier rapport développement durable, j’ai donc passé des heures à lire le rapport, de la première à la dernière page, à en analyser le contenu avec une lecture critique et propositionnelle, et à en rédiger l’intervention pour qu’elle soit plus claire et synthétique. Je trouve donc d’abord déplacées vos interventions faisant comme si j’avais mal lu le rapport ; vous m’avez plusieurs fois dit que je n’avais pas lu certaines pages.
D’autre part, quelle ne fut pas ma tristesse, voir ma colère, de sentir, dans mon dos, des mouvements d’impatience, voire d’intolérance de la part de certains collègues élus, pendant que j’intervenais de façon précise sur ce rapport développement durable. A quoi bon être élu s’il faut expédier les dossiers à toute vitesse ?
Est-il enfin utile de rappeler que ces marques d’inattention bruyantes sont non seulement des actes d’incorrection, mais aussi, hélas, la preuve d’un sexisme regrettable ? Je demande à Monsieur le Président de Saint-Etienne Métropole de pouvoir intervenir comme Président de séance pour faire respecter le droit à la parole et l’égalité de traitement entre les élus hommes et les élus femmes. Je ne comprends pas que des élus fassent des pieds et des mains pour siéger dans de très nombreuses instances communautaires, et fassent ensuite preuve d’impatience au moment de nos débats publics, qui représentent encore un moment de démocratie, même s’il est réduit progressivement. Si certains sont pressés de rentrer voir un match de foot ou leur famille, il vaudrait mieux qu’ils s’abstiennent de se faire réélire. Pour moi, il est amoral de dissuader ainsi en séance les élus qui interviennent, après qu’ils aient pris le temps de travailler le dossier de près.
Merci donc, Monsieur le Président, de bien faire respecter les élus qui prennent le temps de lire les dossiers.
Anne de Beaumont, Conseillère métropolitain Europe Ecologie Les Verts