Budget 2021 // Intervention de Jean Duverger au conseil de St-Etienne Métropole // 25 mars 2021
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Le budget primitif 2021 est assez exceptionnel à trois titres.
– Il est celui du périmètre quasi définitif de cette nouvelle institution locale.
– Il dépasse pour la première fois le budget de la ville centre 379 M€ contre 347 M€.
– Il est élaboré sans que l’on soit sorti de la crise sanitaire de la COVID 19.

Constatons seulement que les recettes de fonctionnement augmentent de 11 M€ alors que les dépenses progressent de 17 M€ après intégration des transferts du département, que l’épargne nette passe de 26,9 M€ en 2020 à 18,7 M€ en 2021.

Ce qui doit alerter sur la nécessité de devoir faire vite des choix drastiques pour prendre en compte ces « signaux encore faibles » d’une dégradation des comptes.

Néanmoins, le budget 2021 privilégie de maintenir un montant élevé d’investissements, 101 262 M€. Qui viendra soutenir un plan de relance conséquent sur trois ans annoncé d’ores et déjà par la presse locale ? Il suppose aujourd’hui, un recours à l’emprunt à hauteur de 34 319 M€.
Espérons que les dispositions gouvernementales à venir, dont il faudra se saisir, compléteront et allégeront opportunément le dispositif financier proposé.

Mais la question est de savoir de quels investissements on parle. Ceux du monde d’hier, ou ceux qui préparent le monde de demain. En clair, ceux qui anticipent la crise climatique ou ceux qui s’inscrivent dans la logique qui a prévalu jusque-là et qui privilégie l’attractivité du monde d’hier.

Ceci posé, nous votons ce budget par nature. Si cette approche comptable facilite la gestion au quotidien, elle rend plus difficile sa lisibilité. L’approche « fonctionnelle », ou plus exactement par domaine d’intervention qui nous est proposée, n’est pas très satisfaisante. Elle n’intègre pas les dépenses de personnel mises à disposition de chacun des 8 domaines retenus. C’est dommage, le capital humain que cette « appellation culpabilisante » recouvre donnerait la véritable répartition des moyens mis à disposition des différents « domaines d’interventions ». Au-delà des dotations budgétaires, bien plus importantes, c’est la manière dont on les met en œuvre qui est essentielle.
Cela met en évidence que des politiques propres à l’institution ont du mal à se dégager. Au moment où son identité doit émerger le plus vite possible. Elles doivent se différencier de l’ensemble des intérêts particuliers et morcelés des communes qui la composent. On est encore loin de penser globalement les différentes problématiques et du coup, le terme « domaine d’intervention » est un vocable, somme toute adapté à cette situation.

Puisque l’ensemble des compétences sont maintenant transférées, il serait opportun de définir de véritables « politiques métropolitaines ». Et on peut souhaiter que nous votions le prochain budget par politique en intégrant l’ensemble des moyens mis à leur disposition respective, fonctionnement et investissement confondu. Cela permettrait de leur fixer des objectifs, de définir les indicateurs appropriés et de pouvoir ainsi en suivre l’évolution. On passerait d’une comptabilité de moyens à une comptabilité de résultats.

Enfin on doit envisager, comme nous l’avons déjà proposé lundi lors du vote du budget de la ville de St Étienne, d’établir un Budget Climat qui mette en évidence son impact à ce niveau.
Pour aller plus loin, comme les services de gestion vont être mutualisés, nous souhaiterions également que la métropole soit partie prenante de la démarche initiée par l’Alliance Compta Régénération. Elle consiste à relever le défi de faire de la comptabilité un levier central pour informer, piloter et mettre en cohérence sur notre territoire les organisations publiques ou privées avec l’impératif écologique.

Cela permettrait enfin, que le développement durable ne soit plus l’appendice du domaine d’activité 5, derrière la transition énergétique. Mais qu’il devienne le principe qui détermine l’usage de chaque € de ce budget.

Nous voterons contre le budget 2021. En espérant que le prochain permette aux habitantes et habitants de la métropole une meilleure compréhension de ses finalités.

Jean Duverger, conseiller métropolitain Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie