Budget 2021 // Intervention de Jean Duverger au conseil municipal de St-Etienne // 22 mars 2021
Partager

Le budget 2021 s’inscrit dans la lignée de ceux qui l’ont précédé. Il reflète « une gestion rigoureuse » mais sans véritables priorités affichées.

Il est pourtant le premier qui soit présenté après la grave crise sanitaire qui depuis un an déjà bouleverse profondément notre mode de vie.Je veux dire par là, qu’il ne semble pas que les effets de la crise ait été prise en compte de manière décisive.

Peut-être, devrons nous attendre le vote du compte administratif pour que soit tirer des conclusions plus abouties et que de nouvelles stratégies soient alors déployées.

Car si vous vous imposez de ne pas augmenter les taux de la fiscalité, et de maîtriser puis de contenir la dette, les marges de manœuvre, vont se réduire rapidement. Et de façon obligatoire, vous devrez prioriser drastiquement vos programmes. Il faut anticiper ou subir. Pour l’instant vous choisissez d’attendre.

Dans le document de présentation du budget nous nous rendons compte concrètement, de l’impact de la crise.
L’épargne brute devrait baisser de 3,37 % par rapport à celle de 2020. Ce qui marque un net retournement de tendance.
Ceci étant, en mobilisant le report estimé de crédits d’investissement de 9,4 M € sur 2021 du fait de la COVID-19, en augmentant légèrement le recours à l’emprunt qui passera de 17,3 M € à 19,5 M € et en bénéficiant pour 9 M d’Euros de la révision des bases fiscales le montant du budget progresse encore à la marge de 3 M € permettant de maintenir transitoirement un montant élevé d’investissements.

Mais quels investissements seront privilégiés ? Des investissements qui préparent le monde de demain, ou bien des investissements qui conforteront le monde d’hier ? Cette question est essentielle dans un contexte de raréfaction de ressources financières.
Pour le report de crédits d’investissement, on a anticipé sur la publication du Compte Administratif et c’est opportun.
Mais comment établir, par ailleurs, des prévisions fiables alors que le budget 2020 est totalement atypique. C’est là que réside la difficulté de l’exercice. Les services disposent d’ores et déjà des données concernant la réalisation du budget. Mais alors pourquoi ne pas le dire ?

Ainsi les recettes prévisionnelles 2020 de l’Opéra de 1 192 000 € ont elles été réalisées effectivement ? Il semble que l’on se soit basé sur elles pour évaluer à 1227 693 € celles inscrites au budget 2021. Après vérification sur le Compte Administratif 2019 il semble que l’évaluation de 2020 retenue soit en retrait de 43 % par rapport à une année « normale » , où elles atteignaient 2 098 571,76 €.

Une autre question, celle d’une hausse de 11,95 % des « autres charges de gestion », alors que la contribution au Service Départemental d’Incendie et de Secours reste inchangée à 12 641 M€, et que les subventions aux associations sont très légèrement en hausse de 343 M € à 12 837 M€ par rapport au budget 2020. Ça, ce sont les explications données dans le rapport de présentation. Et puis quand on cherche plus loin, on voit que la subvention au CCAS a logiquement augmenté, de près de 3 M€, et qu’une ligne est apparue de 1 045 450 € au titre d’une subvention de fonctionnement à un fermier ou délégataire, et bien sûr ma question sera à quoi a t elle contribué ?

La seule trace que j’ai trouvé d’un Programmation de Publication d’Investissements en gestation c’est l’évaluation à 40 M€ d’investissement pour les écoles au cours de ce mandat.
Enfin pourquoi n’avoir pas répartie la masse salariale entre les différents pôles ou directions pour pouvoir intégrer le capital humain essentiel à la mise en œuvre des politiques choisies. D’autant plus que cela apparaîtra au compte administratif.

Ces questions, si elles appellent des précisions, ne sont pas décisives quand à la pertinence des allocations de ressources choisies pour conduire les différentes politiques de la ville.
La présentation fonctionnelle du budget concourt certes dans une certaine mesure à faciliter la compréhension de la répartition des moyens alloués aux différents pôles. Mais la partition fonctionnement/investissement rend difficile une approche globale. Enfin, le vote du budget se fait par nature, et par chapitre, ce qui permet une grande souplesse dans la gestion, au détriment éventuel du respect des allocations initialement attribuées à telle ou telle politique.
Mais surtout les objectifs à atteindre par politique ne sont pas définis clairement. Ou si ça l’est, ce n’est pas précisé. Ce qui a pour conséquence de rendre toute évaluation difficile et la mise en place d’indicateurs de suivi compliquée.

La volonté exprimée de voir élaborer une politique d’évaluation des politiques publiques au sein de la collectivité devrait être porteuse d’espoir dans ce domaine, mais pour l’instant rien de concret à l’horizon.

Dans ces conditions, construire un « budget résilient » devient une absolue nécessité. Un budget résilient, c’est un budget capable d’encaisser les effets d’une crise et de s’adapter à ses conséquences. En prenant en compte dans son élaboration des données autres que strictement internes à l’organisme dont il structure l’action. Ainsi son impact sur l’ environnement naturel, le tissu social, par exemple est intégré, donnant une idée de l’effet global de de l’ensemble de ses actions.

Et ceci et d’autant plus utile à mettre en œuvre, qu’une autre crise prévisible, celle liée au changement climatique, se profile à l’horizon. Elle va remettre en cause encore plus durablement et profondément ce qui, jusque là semblait acquis.

De nombreuses initiatives sont développées pour répondre à ce défi. Parmi elles, celle de « d’ Alliance Compta Régénération », par exemple. Composée d’acteurs de l’ensemble de la société, elle accueille des entreprises privées, des scientifiques, les pouvoirs publics, des collectivités locales, etc. Je ne doute pas que vous en soyez déjà informés. Cela devrait permettre de relever un autre défi, celui de faire de la comptabilité un levier central, pour informer, piloter et mettre en cohérence sur notre territoire les organisations publics ou privées, avec l’impératif écologique.

Lors de la commission des finances qui s’est tenue en amont de notre réunion nous avons évoqué également la possibilité de réaliser une évaluation climat de notre budget. Elle pourrait mettre en évidence les progrès réalisés dans ce domaine. Elle valoriserait le cas échéant votre volonté de rentrer en transition, ou de développer une politique de développement durable. I4CE (Institute for Climate Economics) propose une méthodologie, co élaborée avec plusieurs villes et EPCI importants. Il semblerait logique que la ville puisse y participer si cela n’est pas déjà le cas.

Cela permettrait d’utiliser le budget comme un levier de changement efficace pour une prise de conscience qui devient de plus en plus urgente concernant le changement climatique. Cela correspond semble t il à ce qui est dit dans l’introduction de ce rapport.

Le groupe écologiste en l’état ne votera pas le budget. Il nous paraît pas à la hauteur des défis à relever, trop tourné vers une reprise de croissance à l’ancienne. Nous aurions souhaité que chaque euro dépensé le soit en prenant en compte son impact en matière de climat, en matière du respect de la biodiversité, et des externalités négatives ou positives qu’il génère. Enfin l’absence d’indicateurs clairs et facilement accessibles liés à la réalisation d’objectifs à atteindre conforte notre décision de voté contre.

Jean Duverger, conseiller municipal du groupe des élus le temps de l’écologie

Une réflexion au sujet de “Budget 2021 // Intervention de Jean Duverger au conseil municipal de St-Etienne // 22 mars 2021

  1. Bonjour,Jean
    J’ai pris le temps de lire ton intervention. A Mably , nous avons comme investissement majeur dans les deux années à venir , la rénovation de notre Centre Omnisport pour 4 M€ . Dans le projet présenté , pas de production d’énergies ; ni thermique ni photovoltaique . Un agrandissement réalisé en béton banché, une chaudière au gaz naturel,un sol en taraflex au lieu du planché en bois… seulement une cuve pour la récupération de l’eau pluviale…on ne valide pas cette rénovation à l’ancienne. On va voter contre le budget , je reprendrais sans doute quelques uns de tes arguments sur la difficultés de lecture des choix politiques et sur l’intérer de réaliser une évaluation Climat. Amicalement, Bruno

Les commentaires sont fermés.