Il ne doit pas être très facile pour vous de continuer à siéger sereinement au sein d’une majorité qui s’effrite. Après les démissions de certaines et certains d’entre vous, le choix d’autres de siéger en indépendants, la constitution d’un nouveau groupe, aujourd’hui la dislocation est patente et votre projet municipal a du mal à surnager.
Ce constat préalable est important au moment où nous devons émettre un avis sur votre Budget prévisionnel, 2024, sans en avoir véritablement les moyens.
Je m’explique, dans le document soumis à notre appréciation, il n’est fait qu’une seule et unique fois état d’une comparaison avec celui de 2023. Il s’agit de nous faire constater une évolution positive prévue de l’épargne nette dégagée, qui passe de 3 millions à 10 millions.
C’est encore heureux, car avec une hausse de 15 % de la fiscalité, il serait très surprenant qu’il en soit autrement. Restaurer une épargne nette, ce n’est pas en soi un objectif. Ce qui est essentiel c’est de savoir si oui ou non vous allez vous décider à prendre des options fortes pour gérer efficacement, et d’une manière efficiente, la ville de Saint-Etienne.
Nous avions en temps et heure mis en garde les membres du conseil municipal concernant le dogme de ne pas devoir augmenter la fiscalité. Aujourd’hui, vous vous dites contraints de le faire sous la pression d’une situation qui vous échappe. Et ce, à un niveau qui est loin d’être anecdotique.
Ce manque total d’anticipation vous contraint à réagir dans la précipitation, alors qu’il aurait fallu simplement agir au moment adéquat. Une hausse modérée de la fiscalité légitimée par des investissements économes en énergies, ou mieux producteurs d’énergie auraient permis de générer à terme des économies de fonctionnement donnant plus de facilité pour conforter d’autres politiques. Pourquoi même, ne pas avoir emprunté plus, au moment où les taux étaient extrêmement bas. En responsabilité depuis dix ans, vous n’avez pas anticipé, en n’améliorant pas comme vous l’auriez dû la résilience de notre cité.
Les économies d’énergies viennent trop tard, et les investissements vertueux réalisés en temps et heure auraient allégé grandement nos charges de fonctionnement.
En clair, ne pas augmenter les impôts et contenir la dette, cela ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la gestion d’une collectivité. Ce qui est important, c’est en fait de savoir ce que l’on fait de nouvelles ressources. En quoi ce que l’on décide aujourd’hui va contribuer à ne pas injurier l’avenir.
Et c’est aussi là que le bât blesse. Pas d’évaluation de vos politiques alors que cela avait été une de vos promesses, une de plus, à ne pas être tenue. Un conseiller municipal délégué à l’évaluation avait été désigné. M. Jacques Guarinos a démissionné sans avoir pu en aucune façon donner une quelconque teneur à sa « mission ».
Alors quand vous décidez l’allocation de telle ou telle ressource à tel ou tel projet ou à telle ou telle dépense, comment pouvoir en apprécier la pertinence, comment pouvoir apporter le cas échéant, les correctifs nécessaires. C’est une conduite de la cité en aveugle faute de connaître l’efficacité ou non de vos dépenses. Isoler un bâtiment avec quel objectif d’économie de chauffage, et d’éclairage. On appelle cela l’approche du coût global. Et on peut utilement y ajouter une estimation des émissions de CO2 évitées. Bref, il faut se doter des moyens de pilotage et ce en toute transparence de façon à ce que nous puissions être en mesure de décider en toute connaissance de cause. Ce n’est, hélas, pas le cas.
La mise en œuvre d’un budget vert, promise en janvier 2021 dans cette enceinte, n’est toujours pas d’actualité. Les décisions pour boucler votre budget l’ont été sans prendre en compte la dimension sociale et environnementale des conséquences de vos dépenses. Les travaux actuels, menés sur les trois derniers comptes administratifs, vont permettre un constat, certes, mais aujourd’hui on va voter pour ou contre un budget sans en connaître les conséquences, positives ou négatives.
Bref, votre budget, fait de trop d’approximations, reconduit d’année en année une vision obsolète de la réalité. Oui, le contexte a changé, et pas seulement depuis le déclenchement de la guerre d’Ukraine. Oui, le Covid est passé par là.
Mais surplombant le tout, le changement climatique à l’œuvre est une réalité tellement perceptible, que beaucoup de collectivités, dont la nôtre, ont de plus en plus de grandes difficultés à trouver un assureur. L’analyse de l’exposition aux risques de notre commune qui aurait permis de négocier dans de bonnes conditions, en mettant en évidence nos plus grandes vulnérabilités, pour pouvoir les atténuer, n’a pas été conduite comme nous l’avions suggéré il y a déjà trois ans de cela.
Faute d’anticipation, la situation que vous aurez contribué à installer est loin d’être rassurante.
Quant aux chiffres donnés sans repère, sans possibilité de pouvoir saisir une évolution d’une année sur l’autre, ils entérinent une gestion au fil de l’eau.
Le budget augmente de 4,8 %, il passe de 359 millions d’euros à 377 millions d’euros. En cela il ne fait que suivre l’inflation. Mais le document ne donne pas à voir les inflexions ou les modifications d’attribution à telle ou telle action.
De plus, et plus ennuyeux, le découpage par direction et politique publique à changé sans que cela ne soit mentionné nul part. Il devient impossible de pouvoir établir des comparaisons pertinentes sans avoir une information sur les nouveaux périmètres définis.
C’est le cas pour trois rubriques qui apparaissent en dépenses et recettes de fonctionnement : Cohésion sociale, Proximité démocratie locale, Tourisme et Tourisme d’affaires.
Pour les dépenses et recettes d’investissement il y a trois nouvelles rubriques également : Cohésion sociale, Tourisme et Tourisme d’affaire, et l’éclatement Santé publique, Séniors solidarité. Alors que trois disparaissent : Développement durable et énergie, Handicap et accessibilité, Ingénierie du livre.
De plus l’ordre des rubriques n’est pas respecté d’une année sur l’autre
La lisibilité du rapport devient hasardeuse et nous attendons avec impatience de pouvoir travailler à partir des réalisations effectives, constatées au compte administratif pour pouvoir « apprécier », comme il se doit ce qui aura été réellement, réalisé en 2023.
En l’état, nous voterons contre votre budget.
Jean Duverger, conseiller municipal Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie