Le projet de budget que nous présente le Vice-président Julien est techniquement parlé « parfait », il s’inscrit dans la droite ligne des précédents budgets de notre métropole.
En hausse significative de près de 8% il passe de 379 millions d’euros à 411 millions (+ 32 millions). Du coup la capacité d’endettement augmente, et le recours à l’emprunt passe de 34,3 millions à 57 millions soit une hausse de plus de 33 %, (+22,7 millions). On constate un effet levier indéniable suite à une épargne nette restaurée et en belle augmentation elle aussi. Puisqu’elle progresse de plus de 36%, passant de 18,7 millions d’euros à 25,6 millions (+ 6,9 millions).
Comme la métropole est une collectivité de missions, elle est toute chose égale par ailleurs, moins exposée à une hausse de ses dépenses de fonctionnement, elles progressent d’un peu plus de 4% (15,4 millions) passant de 252 millions d’euros à 262,4 millions. Dans le même temps les dépenses d’investissement prévues elles progressent de plus de 16%, passant de 127,2 millions d’euros à 148,5 (+21,3 millions).
Bien entendu ces chiffres sont à prendre avec précautions puisque nous raisonnons de BP à BP, c’est-à-dire à partir de chiffres prévisionnels.
Tout cela traduit de manière tangible les effets du « pacte financier » adopté en fin d’année dernière. Pacte qui a eu pour effet, en augmentant la fiscalité, d’accroître les moyens à disposition de notre collectivité. Une hausse de fiscalité pourquoi pas, mais à quoi l’affecte t-on ?
C’est la seule bonne question à se poser.
Le souci c’est que les temps changent et vite, et même très vite. Il y a eu les imprévus, dus à la crise sanitaire, difficile à anticiper. La guerre en Ukraine dont on ne peut pas encore prendre la mesure de toutes les conséquences. Et puis, bien sûr, il y a le changement climatique.
Si les deux premiers aléas étaient assez largement imprévisibles, le troisième évoqué est lui documenté depuis 50 ans (Rapport Meadows de 1972). Et, ces effets désastreux sont explicités clairement dans le dernier rapport du GIEC paru le 28 février dernier.
Aussi, devient-il urgent que l’on se donne les moyens de préparer notre territoire à faire face aux conséquences de nos inconséquences. Il faut réorienter nos priorités moins vers une relance économique pure et dure que vers une relance climato-compatible. Il faut conditionner chacune de nos dépenses à son impact sur le climat et à la valider ou non en toute connaissance de cause.
Et bien, quand on regarde de près le règlement administratif et et financier d’attribution du plan de relance métropolitain de 320 millions d’euros sur trois ans, adopté en mars 2021, on se rend compte qu’il se contente de demander : « D’insérer dans les marchés les clauses de développement durable et d’insertion » !
Sans aucune autre exigence précise, comme par exemple, l’arrêt de l’artificialisation des sols, la recherche d’une autonomie alimentaire, la production d’ énergies renouvelables, des économies d’énergie, la mise en place de solutions de transport économes, et toutes choses à même de nous préparer à affronter les effets d’une élévation rapide des températures et le la raréfaction de la ressource en eau, entre autres conséquences.
Nous ne disons pas que cela ne soit pas le cas dans certains des projets présentés, mais ce n’est de toute façon pas une exigence posée pour accéder aux financements ainsi débloqués.
320 millions ce n’est pas rien ! Il y a là une opportunité à saisir pour rendre notre territoire plus résilient ! A nous de l’orienter opportunément et de s’en servir de levier pour préparer l’avenir, un avenir obligatoirement différent de ce que nous connaissons et reproduisons jusqu’à présent.
Le pacte financier que vous avez adopté permet de dégager des moyens financiers, nous l’avions dit, une hausse de fiscalité n’est pas mauvaise en soi, il reste à savoir ce que l’on en fait, à quoi on l’affecte !
Pour l’instant on à du mal à y discerner une cohérence autour d’un nécessaire recentrage pour faire de l’adaptation au changement climatique une priorité. Nous voterons donc contre ce budget trop tourné vers le monde d’hier.
Nous avons déjà plaidé ici, pour qu’une véritable méthode d’évaluation des politiques publiques soit mise en place, avec un état des lieux préalable, la fixation d’objectifs et d’indicateurs qui permettent d’en suivre l’efficacité. Ce n’est pas une démarche politicienne. Il s’agit juste de se doter d’outils de pilotage efficients pour permettre une allocation optimale de nos ressources. Avec comme finalité de rendre notre territoire plus résilient vis à vis des défis à venir…
Quand j’entends la succession de montants d’euros attribués à telle ou telle opération à telle ou telle projet, je me questionne pour savoir en quoi et comment cela va améliorer la vie de mes concitoyennes et concitoyens. Et en quoi cela nous prépare à affronter les nombreux défis à venir.
Jean Duverger, conseiller métropolitain Génération Écologie de St Etienne