Budget Primitif de St Etienne Métropole – Intervention de Jean Duverger au conseil métropolitain – 23 mars 2023
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La réunion de la commission des finances de Saint-Étienne Métropole du 28 février dernier s’est inscrite dans le droit fil de celle du 9 janvier. Elle a été très animée, et a permis l’expression éclairée et argumentée de nombreuses et nombreux participant·e·s.

Le bureau qui a suivi s’en est fait l’écho, et nous remarquons que la participation active d’une « opposition », peut générer des débats utiles semble t-il ?

Il faut dire que le sujet s’y prêtait, nous avons eu le privilège de découvrir en avant première le Budget Primitif 2023 présenté par le Vice Président Christian Julien, en présence d’Hervé Reynaud, président « par intérim », je ne sais pas si c’est le terme qui convient, de notre institution.

Un budget de 473,990 millions d’euros, en progression de 63 millions d’euros par rapport au budget primitif 2022. Mais avec un recours à l’emprunt qui passe de 57 millions à 99,2 millions. Une progression très significative et dans la période présente, très dispendieuse, quand on connaît l’évolution actuelle des taux bancaires.

Dans le même temps, et ceci expliquant cela, l’épargne nette passe de 25,6 millions à 15,1 millions.

Cette baisse spectaculaire met en évidence la volonté de ne pas revoir ni sur son ampleur ni sur son objet un plan d’investissement décidé avant la guerre en Ukraine avec des conséquences immédiates qui en découle pour la bonne gestion des comptes de notre collectivité.

Investir, oui pourquoi pas, mais dans des projets porteurs d’économie de fonctionnement, et de mieux être pour nos concitoyennes et concitoyens.

Je pense à un grand plan d’isolation des logements, pour améliorer le reste à vivre des occupants, une rénovation massive des réseaux d’adduction d’eau après les incidents que nous avons connus dans la vallée de l’Ondaine, en fin d’année 2022 et début d’année 2023, qui en démontrent l’urgence s’il en était besoin, afin de sécuriser un approvisionnement de plus en plus essentiel, sans parler d’investissement dans la production d énergie, solaire, par méthanisation ou éolienne. D’autres collectivités s’y sont déjà lancées et en perçoivent aujourd’hui les bénéfices. En clair, tout ce qui conforte la résilience de notre collectivité face à la montée des périls qu’induit le réchauffement climatique, doit être encouragé de toute urgence.

En lieu et place de cette option, la métropole a construit l’Arena, pour plus de 31 millions d’euros, équipement qui génère 987 500 euros de frais de fonctionnement à l’année.

Il a fallu insisté, en commission, auprès de Messieurs Julien et Reynaud pour disposer de l’information. Car, jusque-là, elle n’avait pas été portée à notre connaissance.

J’en profite pour pointer du doigt le projet de patinoire estimé à plus de 26 millions d’euros dont nous voudrions aussi connaître les coûts de fonctionnement. Sans parler de l’investissement massif de plus de 46 millions destiné au projet immobilier de la Cité 2025, aussi programmé à Saint-Étienne.

Si le produit fiscal des ménages et des entreprises n’avait pas progressé de 15, 607 millions et bien nous n’aurions plus d’épargne nette à constater. Ce qui du point de vue d’une « saine gestion » est pour le moins désolant.

On le voit bien le pacte fiscal de 2021, qui sous-tendait un plan pluriannuel d’investissements de prestige, n’a pas résisté à l’inflation et à la hausse démesurée des prix de l’énergie. Il n’est rendu possible, malgré tout, que par un recours massif à l’emprunt, dont les coûts ne cessent de progresser.

Ce budget, dans ces conditions, passe à côté de l’essentiel, à savoir se préparer à devoir faire face à l’impact désastreux décrit dans le dernier rapport du GIEC présenté lundi.

De toute évidence, l’exécutif de la métropole n’a pas pris la mesure des défis à relever.

Et pourtant, la réalité nous rattrape. Le niveau très bas, de nos réserves en eau, malgré les quelques séquences pluvieuses que l’on vient de connaître, doit nous alarmer

Dans ce contexte, l’élaboration et la mise en œuvre d’un Plan Alimentaire Territorial ambitieux, innovant et respectueux de l’environnement doit devenir une extrême priorité. Il pourrait être le moyen d’assurer une cohérence à nos politiques d’aménagement et d’équipement de notre collectivité.

Ceci étant, je relève, page 17 du rapport, une phrase que je veux mettre en exergue :

« Comme chaque année, chaque activité, chaque politique publique, fait l’objet d’un travail en profondeur qui conduit à s’interroger sur leur utilité, leur maintien, leur évolution et leur coût ».

Cette analyse, pourrions nous la partager avec vous.

La mise en place d’une évaluation des politiques publiques, car c’est de cela dont il pourrait s’agir, nous la demandons de tous nos vœux depuis le début de la mandature. Elle suppose des objectifs définis et des indicateurs qualitatifs et quantitatifs pour en assurer le suivi.

Si c’est le cas, comme le laisse supposer cette phrase, pourquoi ne pas la porter à notre connaissance ?

Je réitère aussi une autre demande, celle de voir adopter une nouvelle manière de compter. La mutualisation des services financiers de Saint Étienne Métropole avec ceux de la ville de Saint Étienne devrait faciliter la chose. A la demande des écologistes, une démarche allant dans ce sens avec l’aide d’un prestataire  « I Care environnement » a été lancée en début d’année 2022. Cela permettrait de prendre en compte l’ensemble des éléments nécessaires pour éclairer toute prise de décision, à savoir son impact financier, bien sûr, mais aussi environnemental et humain.

Il ne faut pas que nous nous privions de ces nouveaux outils comptables en pleine émergence. La revue « Horizons Publics » dans son n° 26 de mars-avril 2022 y consacre un dossier complet.

Vous l’aurez compris, les écologistes ne voteront pas ce budget, hors sol, bien trop loin des réalités qui hélas se font jour. Nous n’avons cessé de vous alerter sur les prévisions des experts du GIEC. Le dernier rapport que j’évoquais plus haut, rendu public lundi, confirme le danger et constate l’inaction des instances politiques.

La première réunion sur le problème des pénuries d’eau s’est ouverte hier à l’ONU.

Aujourd’hui le réchauffement climatique est bel et bien à l’œuvre, vraiment nous aurions beaucoup aimé nous tromper, tant les prévisions en sont alarmantes.

Il est grand temps de se mobiliser sur les sujets essentiels que nous voulons voir privilégier, plutôt que de continuer à rester dans le déni. 

Jean Duverger, conseiller Génération Écologie de St-Étienne Métropole