Monsieur le Président, cher·es collègues,
Les masques de protection sanitaire font désormais partie de notre quotidien. Outils incontournables de lutte contre la propagation du virus, ils constituent une triple menace : pour l’environnement par la pollution des sols à long terme, pour les agents de nettoyage des communes qui sont exposés à un risque infectieux lié à leur manipulation, mais également pour les oiseaux qui risquent de s’étrangler avec ou de s’y retrouver piégés, qui plus est dans notre Métropole où nos déchets sont stockés à l’air libre. Saint-Étienne Métropole, de par sa compétence déchets, se doit de mettre en place des solutions permettant de réduire ces menaces.
Un peu partout en France, des agglomérations décident les unes après les autres de prendre en charge leur collecte et leur acheminement vers des réseaux de recyclage, que ce soit à Châtellerault, Tours, Poitiers ou encore Talence. Des solutions de valorisation existent : c’est ce que propose par exemple l’entreprise Plaxtil à Châtellerault. Plus près de chez nous, dans la “Plastics Valley” dans l’Ain, des entreprises s’associent et proposent des systèmes innovants de décontamination et de transformation des masques, mais aussi des surblouses et des charlottes jetables. Ces objets de protection sont ainsi valorisés sous forme de billes de polypropylène. Ironie du sort, la France connaît un manque de cette matière première nécessaire à la fabrication des écouvillons utilisés pour les tests PCR.
Certes, le processus de collecte et de valorisation est complexe et coûteux, mais rien n’est impossible pour un territoire créatif comme le nôtre. Par des partenariats ambitieux avec des entreprises innovantes et des écoles supérieures installées sur notre territoire, nous sommes en capacité de prendre ce problème à bras le corps et ainsi proposer aux habitants un service public à la hauteur des enjeux sanitaires à court terme, et écologiques à long terme. Car non, les masques chirurgicaux ne disparaîtront pas comme par magie au bout de 400 ans, comme on l’entend souvent. Comme tout objet composé de matières plastiques, il leur faudra en effet plusieurs siècles pour se décomposer en micro-particules, invisibles à l’œil nu, mais leur impact sur la pollution des sols n’en sera alors que plus dévastateur.
Nous espérons tous que la page de cette pandémie sera vite tournée et que le port des masques par l’ensemble de la population ne sera plus nécessaire. Néanmoins, une telle filière de collecte et de recyclage pourra continuer d’être utilisée par le CHU, les EHPAD et toutes les structures médico-sociales utilisant ce matériel de protection 365 jours par an.
C’est aujourd’hui que nous pouvons anticiper les catastrophes écologiques de demain. Les écologistes stéphanois vous demandent, monsieur le Président :
Que prévoit Saint-Étienne Métropole pour la collecte et le recyclage des masques de protection sanitaire ?
Nous estimons qu’il est nécessaire de réfléchir au plus vite à une solution de collecte différenciée des masques sur l’ensemble du territoire. Nous pensons qu’une telle opération doit être assortie d’une campagne d’information conséquente afin que chaque habitant prenne conscience du problème et trouve des solutions de collecte sûres et facilement accessibles. Nous proposons enfin que des discussions soient engagées avec des entreprises spécialisées dans le recyclage des plastiques afin de trouver une solution adaptée aux réalités de notre agglomération, permettant une valorisation localisée n’engendrant pas, comme trop souvent, de transport routier des matériaux collectés ou valorisés, tout en mettant en avant l’esprit d’innovation cher à notre territoire. Ce n’est qu’ainsi que notre collectivité sera en capacité de répondre aux enjeux actuels et à venir.
Germain Collombet, Jean Duverger, Olivier Longeon, Julie Tokhi
Conseillers métropolitains écologistes de St-Etienne du groupe Le temps de l’écologie