Quand on s’entête à continuer de mettre en œuvre un plan d’investissement décidé avant la reprise de l’inflation, on s’expose à quelques difficultés.
Décidé en septembre 2021, le pacte financier et fiscal prend aujourd’hui sa vitesse de croisière. On investit dans les communes, beaucoup dans les grosses, moins dans les petites…
L’inflation a pour conséquence la hausse des taux des emprunts et des prix des matériaux de construction. Cette hausse se répercute et se répercutera sur les capacités d’investissement à venir de Saint-Etienne Métropole.
L’épargne nette s’en trouve d’ores et déjà largement affectée. Elle évolue de 41 M d’euros en 2020, à 37 M en 2021, atteint 44 M en 2022, avant de se replier sévèrement en 2023. Elle devrait, et c’est inévitable, s’établir à 15 M seulement en 2023 (chiffre prévu au Budget Prévisionnel), soit un baisse de 66% d’une année sur l’autre…
La question est de savoir si les investissements réalisés sont les bons, s’ils sont capables de préparer notre collectivité à faire face au défi du changement climatique qui s’amplifie déjà.
La Gazette des communes titrait en Février dernier : “Équipements – Aménagement. Renoncer c’est aussi construire l’avenir.”
Rediriger les investissements est une nécessité. Les températures sont en hausse et il nous faut anticiper les conséquences.
Je parle d’un plan ciblé sur l’isolation des bâtiments d’habitation, pour protéger le reste à vivre des populations et diminuer les frais de fonctionnement de Saint-Etienne Métropole. A ce sujet, gardons en tête qu’il s’agira de moins en moins de dépenses de chauffage et de plus en plus de dépenses de climatisation…
Il est urgent d’économiser l’énergie et de se donner les moyens de développer la production d’énergies renouvelables sur le périmètre du territoire pour en assurer une relative autonomie.
La lucidité de certains élus a permis d’orienter les investissements vers ces objectifs. Mais a contrario, est-ce que la réalisation encore programmée d’une patinoire pour plus de 18 M d’euros, ainsi que l’aménagement du quartier de la cité du design pour 25 M d’euros, s’avèrent indispensables ?
Car en plus d’une urgence relative, cela aura pour conséquence de générer de nouveaux frais de fonctionnement qu’il faudra assumer. J’ai remarqué, à cet égard, que nous ajoutons une somme de 18 000 euros pour couvrir les frais d’assurance de l’Arena au budget supplémentaire. A l’année, les frais de fonctionnement de cette salle ne sont pas loin d’atteindre le million d’euros… Cela doit nous questionner.
Les urgences sont ailleurs, elles concernent, entre autres, la sécurisation de notre approvisionnement en eau. Il ne tient aujourd’hui, pour l’essentiel, qu’à une canalisation d’une quarantaine de km de 51 ans d’âge qui relie le barrage de la Valette à l’usine de traitement des eaux de Solaure. C’est aussi la qualité de l’eau qu’il faut rétablir dans la vallée de l’Ondaine où sa potabilité questionne. Sans parler du déploiement du PAT visant l’autonomie alimentaire, et de la protection des fonds de vallée des conséquences des inondations liées à la multiplication des phénomènes Cévenol et à l’imperméabilisation qui s’accentue encore aujourd’hui, en attendant l’application de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), que certains contestent d’ailleurs.
Il est temps, grand temps que l’intérêt général prévale et soit décliné en l’adaptant à chacune des particularités de toutes nos communes. C’est le moyen de rendre notre territoire plus résilient vis à vis des nombreux changements à l’œuvre. Il faut anticiper pour sauvegarder la qualité de vie et l’avenir de notre territoire.
Les conditions économiques et climatiques changent très vite, il nous faut réagir. S’entêter serait l’expression d’une inconscience coupable.
Je ne veux pas conclure sans rappeler que les écologistes demandent avec insistance de voir émerger l’évaluation qualitative et quantitative de nos politiques. Donner des litanies de chiffres sans les resituer dans le temps, sans donner leur traduction concrète dans la réalité, sans pouvoir apprécier la pertinence des choix fait est regrettable. Partout en France, l’évaluation permet de voir émerger plus de transparence dans la gestion publique. Cette transparence, nous y aspirons pour pouvoir voter en véritable connaissance de cause. Nous la devons à nos concitoyennes et concitoyens.
Enfin, je veux rappeler notre volonté de voir adopter un budget vert à la métropole. C’est le moyen de pouvoir évaluer les arbitrages, pas uniquement en fonction d’un coût financier mais en prenant en compte également leurs impacts environnementaux et sociaux. Ce qui est aujourd’hui essentiel !
Jean Duverger, conseiller métropolitain Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie