Le Compte Administratif est un constat. Dans le cas présent, le constat que les choix faits depuis 2014 ne sont pas les bons.
Vous vous trouvez, faute d’avoir su anticiper très exposés à la hausse des coûts de l’énergie. Éteindre l’éclairage la nuit pour économiser sur le prix de l’électricité comme vous l’avez fait dans l’urgence dénote une certaine improvisation. Cela permet, certes, une économie mais accompagnée d’une baisse du niveau de service. Vous le faites, tout en déployant une nouvelle génération de panneaux publicitaires lumineux et même parfois des panneaux à affichage digital. Quelle incohérence dans la mise en œuvre de vos actions !
Surtout quand vous déclarez, dans le même temps, vouloir diminuer notre pollution lumineuse, et les émissions de gaz à effet de serre qui y sont liées. Il aurait fallu songer plus tôt à investir dans un nouvel éclairage à base le “leds”, de poser des variateurs pour faire évoluer l’intensité lumineuse en fonction de la clarté constatée, etc., toutes mesures appropriées pour faire des économies d’électricité pour l’éclairage public mais pas que !
Une fois encore, nous l’avions déjà fait remarquer dans un précédent rapport. Vous déclarez que l’année 2022 a été plus “clémente” que l’année 2021. Nous venons pourtant de vivre les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, le terme semble dans les circonstances actuelles, particulièrement mal choisi. Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’office mondial de la météo. Même si cela vous a permis d’économiser de manière circonstancielle, sur la facture de gaz avant le réajustement en très forte hausse des tarifs en cours de négociation. Mais de grâce, ne parlez plus s’il vous plaît, d’année plus clémente ! Dans l’avenir, chacun sait que nous utiliserons plus d’énergie pour se rafraîchir l’été que pour se chauffer l’hiver. C’est toute l’utilité des arbres et de la végétation en ville : tempérer la chaleur.
La mise en place en 2022 de compteurs sur tous les points d’eau a généré une baisse de 33% des coûts, en passant du paiement forfaitaire au paiement à la quantité réellement utilisée. Une telle mesure aurait pu et dû être anticipée. Bref, il aurait fallu que votre gestion anticipe sur des évolutions largement prévisibles. Les écologistes évoquent cette nécessaire réorientation des investissements depuis longtemps déjà. Pourquoi ne pas nous avoir écouté ?
A Grenoble, dont il vous est arrivé de vanter les mérites de son maire, c’est depuis 2014 que le virage radical a été pris. La ville s’en trouve beaucoup plus résiliente. Les investissements très importants réalisés portent leurs fruits et l’autonomie énergétique de la ville est un objectif qui est à portée de réalisation. A Saint-Étienne, on en est encore très loin, à des années lumières, dommage cela aurait pu être un beau défi à remporter.. Dommage que vous ne l’ayez pas préféré. Grenoble a même été désignée capitale verte de l’Europe en 2022, quel paradoxe, le vert n’est–elle pas la couleur de notre ville.
Votre équilibre budgétaire est le résultat de vos renoncements. Renoncements à des investissements, reportés ou annulés, mais aussi à un niveau de services que la ville ne peut plus assumer. Cela se traduit par des retards dans la réalisation d’opérations ou le lancement de nouveaux projets. Sur les 24 millions d’emprunts prévus pour équilibrer le budget primitif 2022, seuls 11 millions ont été souscrits. Ce qui met en évidence le report ou l’abandon de ce qu’ils étaient censés financer.
Malgré ces renoncements, une tendance se confirme. L’épargne nette qui avait stagné en 2021, à 11 849 044 euros, soit en très légère baisse de – 0,28 %, s’établit cette fois-ci à 9 007 924 euros. Une baisse sensible est de 24 %. Les marges de manœuvre diminuent. Au Budget Principal voté pour 2023 l’épargne nette est estimée à 3 006 798 euros. Soit une baisse de 67 %, qui doit alerter sur l’équilibre à venir des comptes de notre commune.
Les changements de tarifs en très forte hausse de l’électricité intervenus seulement en début d’année. Comme ceux du gaz à intervenir, atténuent l’ampleur de la détérioration à venir des équilibres financiers de la ville.
Faire le choix de ne pas augmenter les impôts en période de forte inflation a une répercussion directe sur les marges de manœuvre. Cela se traduit par les choix drastiques à réaliser. Je veux parler de la fermeture de maisons de retraite, la diminution des places de crèche, ou l’abandon d’activité péri-scolaires par exemple, sans parler de la baisse des subventions aux associations d’ores déjà programmées et annoncées.
Le maintien du budget de la communication, ne peut cacher plus longtemps le manque de moyens financiers pour agir réellement. Promettre, faire des effets d’annonce, ne suffit plus. Il faut changer de paradigme et se donner les moyens d’investir pour diminuer les frais de fonctionnement partout où cela est possible sans affecter les services au quotidien qu’une mairie se doit d’assurer. Il faut rendre notre ville plus perméable au lieu de continuer à artificialiser les sols. Il faut planter des arbres au lieu de laisser des emplacements vides lorsqu’ils sont coupés. Il faut végétaliser la ville pour la tempérer. C’est un programme différent, c’est une vision autre que la vôtre. Nous allons tout faire pour être en mesure de la mettre en œuvre et cela le plus vite que possible.
Où en est la mise en place d’un budget CO2 ou vert ? La seule trace concrète trouvée de votre velléité d’adopter une comptabilité « verte » c’est le paiement d’une Aide à la Maîtrise d’Ouvrage pour vous accompagner dans cette démarche : 15.000 euros en 2021 et de 41.000 euros en 2022. Nous n’en contestons pas la légitimité, nous nous questionnons sur sa traduction concrète. Associé au départ dans cette démarche, suite à votre invitation publique à y participer, mais, depuis novembre 2022, silence radio complet. Depuis cette date, je n’ai plus été ni informé ni associé à quoique ce soit.
Je ne peux pas terminer sans évoquer une autre promesse non tenue. Celle de voir émerger une évaluation qualitative et quantitative de votre politique municipale. Cette démarche se généralise de plus en plus. Elle permet de rendre visible et de donner du sens aux différentes décisions des collectivités territoriales et aussi de l’État. Elle justifie, le cas échéant, les arbitrages nécessaires. Le souci de transparence que cela suppose ne semble pas vous inspirer outre mesure. Le conseiller municipal délégué à cet effet est certes, lui, toujours en place. Mais l’avancée de son chantier et de ses éventuelles initiatives sont particulièrement discrètes. Peut-on espérer rapidement, des présentations financières efficaces, qui ne soient pas qu’une litanie de chiffres sans repère pour pouvoir en apprécier la pertinence. L’évaluation nous y aiderait grandement !
Les écologistes demandent moins de communication et plus de concret. Dire ce n’est pas faire. A cet égard, l’ombre manquante des arbres absents de nos rues en témoigne. Et il serait intéressant que l’adjoint chargé de cette délégation nous rende compte à mi -mandat de son action. Tempérer la ville est une nécessité absolue. Faire reculer les îlots de chaleur, un devoir.
Nous voterons donc contre l’adoption de ce rapport.
Jean Duverger, Conseiller municipal Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie