
L’élaboration du PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal) suppose beaucoup de préparation en amont de son adoption. Je profite de l’occasion pour saluer la qualité du travail entrepris par Gilles Thizy et toute son équipe. Le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable), dont nous parlons aujourd’hui, s’inscrit dans cette démarche préparatoire. Il constitue un passage obligé essentiel, pour que l’on sorte d’une logique autocentrée sur chacune des communes, et que l’on adopte une vision co-construite et globale de l’avenir de notre métropole.
À sa lecture, au fil des chapitres, on découvre une succession de suggestions qui peuvent permettre d’anticiper, quelque peu, les conséquences de nos inconséquences encore toutes récentes.
Le défi, c’est d’élaborer un PLUi exigeant et, en même temps, acceptable par toutes et tous.
Lors du dernier conseil métropolitain, deux dossiers ont été retirés juste avant le début de la séance. Ils concernaient tous les deux la commune de Châteauneuf, où un projet d’urbanisation avait des conséquences sur l’imperméabilisation des sols et sur la destruction, déjà effective hélas, d’arbres centenaires. L’action en justice d’une association a permis de surseoir à une modification du PLU entérinant ce projet.
Vous l’aurez compris : le PLUi dont nous parlons n’a pas permis, en phase de préparation, de sauver ces arbres ni d’éviter les conséquences d’un ruissellement désastreux. Il viendra trop tard pour ces cèdres plus que centenaires. La logique qui préside à son élaboration va sans doute contrarier la réalisation de projets relevant d’une conception du développement à revoir, qui ne correspond plus au contexte nouveau imposé par un changement climatique radical.
Nous verrons, lors de la discussion sur le vœu concernant l’implantation ou non de Cultura à Villars, qu’il existe des approches bien différentes en fonction d’intérêts locaux légitimes, qui viennent parfois percuter les bonnes intentions affichées par le collectif.
Il faut changer notre façon de penser. Une logique mutualisée et partagée doit s’imposer pour permettre l’émergence d’une vision cohérente de l’épanouissement futur de notre territoire. Cela est essentiel pour être en mesure de répondre aux défis que nous impose le changement climatique, certes, mais aussi le respect de la biodiversité, ainsi que la recherche d’une cohabitation harmonieuse entre activités industrielle, agricole et commerciale, dans le respect de la santé de toutes et tous.
L’épisode du 17 octobre dernier, encore dans toutes les mémoires, illustre à merveille mon propos. Le contexte a changé : le changement climatique en cours n’est plus contestable. L’inassurabilité de certaines collectivités en témoigne. Un aléa est assurable ; une certitude de sinistre ne l’est pas. La goutte froide du 17 octobre a, hélas, dramatiquement illustré ce nouvel état de fait. Nous n’avons pas eu à déplorer de victime, mais les dégâts sont très importants. Si des mesures de prévention, très en amont du fond de la vallée, ne sont pas prises, les mêmes phénomènes entraîneront les mêmes effets désastreux.
Il faut redécouvrir le Gier à Rive-de-Gier, et veiller à désimperméabiliser les sols sur l’ensemble des coteaux des deux rives. Un travail énorme qui doit mobiliser les moyens de l’ensemble de la métropole. Oui, il faut s’occuper du fond de la vallée, mais c’est sur les bassins versants qu’il faut agir pour perméabiliser les sols et éviter les ruissellements. L’abandon probable de l’extension de Stelytec est, de ce point de vue, une bonne nouvelle.
Ces actions à entreprendre sont en latence dans le PADD, mais sommes-nous toutes et tous prêts à en assumer les conséquences et le coût ?
Vous l’avez compris, nous soutenons le PADD présenté, même si nous déplorons quelques incohérences résiduelles. Doit-on intégrer le label HVE (haute valeur environnementale) comme un critère de qualité dans l’alimentation ? Un rapport de l’OFB (Office français de la Biodiversité) datant de 2022 en démontre pourtant l’inanité.
Dans un même chapitre — le chapitre 1 — on déclare vouloir lutter contre le morcellement des parcelles agricoles, valoriser et développer les haies, les zones humides, protéger les arbres remarquables, etc.
S’il faut, bien sûr, savoir ménager la chèvre et le chou, il faut parfois trancher et choisir la moins mauvaise solution. La place doit être faite à un débat ouvert et transparent, où les arguments de chacune et de chacun pourront être exposés, pris en compte et évalués avant qu’un arbitrage soit rendu.
C’est un bon exercice d’intelligence collective, au bénéfice d’un territoire que nous nous devons de préserver et de conforter face aux défis qu’il est déjà en train d’affronter.
Nous émettons un avis favorable sur ce PADD, tout en soulignant quelques incohérences qui devraient être corrigées au plus vite. Faute de quoi, on risque de se retrouver dans des situations où il sera difficile de trancher.
Jean Duverger, conseiller métropolitain écologiste