Madame
Madame
Commissaires enquêtrices
Saint Etienne, le 5 février 2016
Objet : Contribution à l’enquête publique au fin d’exploitation d’un élevage de veaux et bovins au lieu dit Chalamelle à Chambéon (42)
Mesdames,
L’exploitation agricole de Chalamelle à Chambéon présente un risque de nuisances environnementales certaines.
D’abord, force est de constater que cette ferme d’engraissement de 750 génisses et veaux est déjà en place, exploitée sans les autorisations nécessaires. Il serait dommage que l’enquête publique légalise cette situation ce qui pourrait donner l’idée à bien d’autres, de mettre l’État devant le fait-accompli.
Cette ferme-usine déclenche un trafic routier important, car même si l’exploitation concerne une grande surface de cultures, l’exploitant doit bel et bien faire venir et faire repartir les animaux destinés à l’engraissement, tout comme une partie de l’alimentation.
Cette ferme-usine est également une aberration sanitaire. Les conditions d’élevage y seront forcément moins « naturelles » que pour des vaches qui vont au pré. Le troupeau élevé en bâtiment clos sera sans doute assez puissamment traité avec des antibiotiques et autres médicaments, nourri par d’importantes quantités d’aliments souvent importés.
Dans son fonctionnement, la ferme a besoin de son digesteur pour réduire ses déchets. Mais un digesteur de ce type ne peut fonctionner qu’avec l seuls résidus issus de l’installation agricole. Les exploitants auront donc besoin d’apporter de la matière organique en plus, générant des trafics supplémentaires sur le réseau routier. Ce fonctionnement risque d’être moins écologique qu’il n’y paraît et un éco-bilan globale de la filière de ce méthaniseur serait à réaliser. De même, un plan d’épandage des composts issus de la méthanisation aurait mérité une analyse scientifique plus poussée. Les possibilités de pollution de l’eau sont aussi mal estimées.
Cette installation consomme et consommera forcément des dizaines de milliers de mètres cubes d’eau par an. Elle produira un grand volume de matières à épandre certes en partie sur les cultures de l’exploitation, cela représentera un apport important de nutriments dans cette partie de la Plaine du Forez et notamment pour les espaces naturels des bords de Loire. Cette ferme présente un risque de surcharge en nutriments de la nappe d’eau qui rejoint la Loire. Déjà, chaque été, les plans d’eau voisins de l’Ecopôle comme certaines parties du fleuve Loire sont frappées par des blooms d’algues. Cette eutrophisation est le signe d’un étouffement progressif de la vie aquatique.
Cette ferme est le signe du dysfonctionnement économique dans lequel glisse lentement l’agriculture française et européenne. Le contrôle des prix disparaissant, les prix baissant, la seule solution pour les producteurs pour avoir un prix de vente de leur viande conforme au marché, est d’intensifier les pratiques d’élevage. Ce mécanisme pénalise encore un peu plus, les petits producteurs locaux qui tentent de maintenir des techniques moins intensives plus respectueuses du milieu naturel.
Europe Ecologie Les Verts soutient qu’un autre modèle agricole est possible : élevage en prairies, circuits courts, agriculture biologique, meilleure utilisation des terres agricoles… L’avenir de la filière passe par l’équilibre entre un meilleur traitement des animaux, une meilleure qualité de l’alimentation, des meilleures conditions environnementales et de meilleurs revenus pour les agriculteurs. Nous pensons que cette agriculture n’est pas la bonne pour l’équilibre de la Planète et le respect des engagements pris à la COP 21.
Nous vous prions de croire, Mesdames, en l’expression de notre considération.
Pour Europe Ecologie Les Verts Saint Etienne-Ondaine,
Olivier Longeon, Conseiller municipal de Saint-Etienne.