Débat d’Orientation Budgétaire 2019 // Intervention d’Anne de Beaumont au conseil municipal de Firminy // 4 février 2019
Partager

Il m’a été transmis la valeur forte que les missions d’un élu consistent à gérer le quotidien des citoyens, en sachant anticiper pour préparer l’avenir.

Et le but d’un DOB, c’est justement de fixer des perspectives politiques pour l’année à venir, en tenant compte d’un cadre, réglementaire et financier, notamment en examinant les opportunités budgétaires permises par les différentes politiques menées, tant par le gouvernement que par les autres échelons des collectivités territoriales. 

S’il est sain et rassurant de vérifier que les grandes actions fixées pour l’année, rentrent bien dans les enveloppes financières, il est essentiel aussi de lever un peu le nez du guidon, pour regarder un peu plus loin que l’année budgétaire, voire plus loin qu’un mandat électif. 

Je suis à ce niveau, très étonnée, voire horrifiée, de constater combien nos collectivités vivent dans le déni, comme l’autruche qui reste la tête dans le sable : Il y a quelques semaines, un nouveau rapport du GIEC nous a tous alertés, sur l’urgence impérative de changer radicalement de cap, vu qu’il ne reste plus que 3 à 5 ans pour pouvoir agir efficacement, avant que des bouleversements climatiques irréversibles n’entraînent notre espèce humaine dans le mur. 

Et je suis bouleversée quand je vois cette jeune fille de 16 ans venant d’un pays du Nord de l’Europe, qui a tenu d’abord le siège dans son lycée, puis dans sa ville et maintenant devant la réunion des Grands de ce monde à DAVOS, pour rappeler l’urgence climatique. Sans oublier ces manifestations de jeunes de moins de 18 ans qui commencent à émerger, notamment dans les marches climat dans différents pays du monde, pour rappeler qu’ils « ont peur de ce monde que nous leur léguons » où la vie de l’espèce humaine risque tout simplement de ne plus être supportable. Et les températures ces jours-ci, de moins 30 à moins 40°C aux USA et de plus 40 à plus 50°C en Australie, nous rappellent que ces dérèglements climatiques n’affecteront pas seulement, comme nous le disions auparavant, les générations futures de nos enfants et petits-enfants, mais bien NOTRE GENERATION, ICI et MAINTENANT, et de façon plus cruelle encore dans les pays du Sud que chez nous. Pouvons-nous encore nous regarder dans la glace, voire pourrons nous encore regarder nos enfants et petits enfants en face, quand nous constatons ce que nous leur léguons comme héritage !!

Car malheureusement, nous ne réagissons qu’à la marge, en se croyant exemplaires dans nos politiques, alors qu’il faut un changement de cap bien plus radical-! Ne rien faire aujourd’hui ou si peu, va nous coûter bien plus cher avec les dégâts climatiques qui s’accumulent déjà, que si nous menions dès maintenant des actions audacieuses pour réduire de façon drastique la production de GES. Et ne rien faire ici, c’est aussi prendre le risque que dans le Sud, les effets soient plus encore catastrophiques, engendrant des marées humaines de réfugiés climatiques, qui n’ont rien à voir en importance numérique avec les flux migratoires déjà constatés aujourd’hui.  

Aussi, quel dommage que l’exercice traditionnel du DOB, dans toutes nos collectivités, pas seulement à Firminy, se limite à l’examen de l’évolution du taux de croissance économique mondial et dans notre pays, alors que les économistes reconnaissent eux-mêmes que ce critère de hausse du PIB ne signifie plus grand-chose : doit-on souhaiter avoir plus d’accidentés de la route pour faire fonctionner plus nos hôpitaux, et faire croître le PIB ? 

Aujourd’hui, il est URGENT de sortir d’une logique purement comptable. L’hôpital public, les services publics, l’économie générale de notre société vont dans le mur à se réduire à ce seul critère d’évaluation financière !  

Dans ce DOB, il est abordé la question de la dette financière. Très bonne nouvelle si cette dette se résorbe dans le temps ! Mais il ne faut pas oublier que la dette climatique est encore plus urgente, et plus complexe à « réparer » !! Il ne suffira pas d’euros ou de dollars pour rattraper cette dette climatique !!! quand il n’y aura plus d’abeilles pour butiner nos fruits ! quand il n’y aura plus d’oiseaux ! quand la vie de l’espèce humaine et de la flore et de la faune seront quasi impossibles ! 

 Il serait bien que pour les prochains DOB, nous puissions retenir quelques ratios d’évaluation qui permettent de mesurer l’empreinte écologique de notre commune, et de voir si nous parvenons à réduire notre contribution en GES ! Alors que nous devrions réduire d’au moins 20 % les GES d’ici 2020, voilà que notre Métropole continue à augmenter les GES !! Et surtout dans le domaine des déplacements ! Cet indicateur préoccupant pour réorienter vers la mobilité durable, devrait être notre fil rouge pour prioriser nos choix d’investissements prochains.

 Et ces mêmes choix d’investissement programmés, doivent en plus être imaginés d’une façon totalement novatrice avec un regard plus exigeant sur ces questions d’adaptation aux dérèglements climatiques : Toute opération de voirie DOIT intégrer la question de la place des piétons et des cyclistes sur ces aménagements de voiries. Toute opération nouvelle sur nos espaces publics DOIT intégrer cet impératif incontournable de multiplier les « îlots de fraîcheur » pour créer partout de l’ombre qui va devenir vitale avec ces canicules plus fréquentes et plus sérieuses et pour installer au maximum, des noues dans tous nos espaces publics, pour drainer nos eaux pluviales et prévenir tout risque d’inondations.  

Cela passe : 

  • Par les réfections de cours d’école pour les transformer en des cours d’écoles OASIS, comme cela se met en place à la Ville de Paris notamment, 
  • Par la végétalisation de nos rues, notamment piétonnes, pour donner envie aux habitants de flâner et de faire du shopping avec nos commerces de centre-ville. 
  • Par la rénovation de la place du Breuil qui laisse une très grande place à la végétation, et à des lieux de vie ombragés, et à un « vivre ensemble » pour TOUS les usagers de la ville (enfants, séniors, PMR, cyclistes, …) et qui invite les voitures à se stationner à l’entrée de la commune, à hauteur du parking de la Gare pour réduire la pollution de l’air et augmenter la qualité de vie au centre-ville. 
  • Par l’entretien des parcs et jardins avec une participation des habitants pour développer l’agriculture urbaine, des zones de jardins partagés comme les Incroyables Comestibles.  
  • Par l’aménagement du Boulevard de la Corniche qui travaille la qualité paysagère de notre patrimoine Le Corbusier avec ces nécessités de « rafraîchir » la ville, en plus de l’embellir
  • Et par la continuation de notre politique d’isolation des bâtiments publics pour réduire notre facture énergétique. 
  • Et des opérations comme la ferme municipale qui vont contribuer à augmenter notre autonomie alimentaire 
  • Ou des actions comme la Rue aux enfants / Rue pour tous, pour justement réapprendre le plaisir de la rue comme lieu de rencontre, de socialisation, de jeux … 

Tous les Appelous doivent comprendre aujourd’hui, que ces choix d’aménagement des espaces de la Ville, s’ils sont ambitieux, ne sont pas là pour embêter certains habitants au départ inquiets sur ces projets, mais que ces équipements sont pensés POUR un INTERET SUPERIEUR, celui de l’avenir de notre vie sur cette planète et de l’avenir de nos enfants et petits- enfants. 

Cette mobilisation de tous les Appelous autour de cet objectif de réduire notre empreinte écologique et d’être une Ville en transition encore plus ambitieuse, est un projet très joyeux, pour comprendre qu’ensemble, nous pouvons œuvrer pour un DEMAIN plus sobre et respectueux de cet impératif climatique qui ménage notre survie ! 

Anne de Beaumont, Conseillère municipale Europe Ecologie Les Verts de Firminy