Le rapport d’orientation budgétaire doit être, ou plutôt devrait être, l’occasion de donner à voir les présupposés qui présideront à l’élaboration du futur budget de la ville.
Dans cette logique, en préambule, nous est proposé un état des lieux assez exhaustif sur les incertitudes économiques, géopolitiques et sociales qui président à la période actuelle. Une situation sur laquelle nous n’avons pas de prise au niveau communal. C’est l’aspect financier qui est principalement mis en exergue. Cela incite naturellement à la prudence, au statu quo…
Mais cela ne devrait-il pas, tout au contraire, inciter à définir de nouvelles priorités en fonction d’un contexte qui a radicalement changé depuis les dernières élections ? Le plan de mandat à accomplir coûte que coûte n’est pas immuable. Et il serait même intelligent de ne pas rester crispé sur une feuille de route rendue pour le moins décalée par rapport au nouveau contexte qui se fait jour.
Il faut se rendre à l’évidence, le changement climatique est là et bien là. Il s’impose à toutes et à tous. Les inondations du 17 octobre dernier, qui, heureusement, n’ont pas fait de victime, mais de très gros dégâts matériels, doivent nous alerter sur l’urgence de procéder à une évaluation de l’exposition aux risques de notre ville. Mais pas aux seuls risques dus au dérèglement climatique.
Les émeutes urbaines ont, elles aussi, causé de gros dégâts.
Cette demande, les écologistes l’ont déjà formulée. C’est le moyen de pouvoir négocier dans de meilleures conditions avec les compagnies d’assurance. Le rapport d’Alain Chrétien, le maire de Vesoul, rendu public en mars 2024, est très explicite sur le sujet.
Faute d’anticipation, des risques jusque-là aléatoires, donc assurables, sont devenus trop prévisibles et ils incitent les assureurs à résilier leurs contrats et/ou à ne plus vouloir s’engager.
Notre ville, comme d’autres, doit désimperméabiliser un maximum de surfaces, planter des arbres en centre-ville pour tempérer les étés torrides qui nous attendent. Elle doit aussi prioriser l’accès aux mobilités douces en facilitant les déplacements en transports en commun, en vélo ou à pied, pour désengorger la ville des voitures. Sans oublier l’isolation thermique des bâtiments publics.
Enfin, si la vallée du Furan est « protégée » des inondations par le barrage du « Gouffre d’Enfer », devenu écrêteur de crue, qu’en est-il de la vallée parallèle du Furet ? La goutte froide à l’origine de l’inondation dévastatrice de la vallée du Gier n’est pas montée jusque-là, mais si cela avait été le cas ? Il est peut-être grand temps d’obtenir de la Métropole qu’elle examine sérieusement la question. Si la patinoire n’est pas essentielle, en cas de crue, le barrage peut s’avérer, lui, essentiel pour la sauvegarde de la population et des infrastructures de la ville.
Lorsque l’on se projette en mettant en évidence des risques de plus en plus patents, on s’expose à la raillerie, certes, mais cela n’est pas cher payé si l’on évite ainsi d’être surpris par ce que l’on aurait pu et dû prévoir.
Le niveau d’investissement pour 2025, estimé à 55 millions d’euros, n’est pas « fléché ». Il supposerait un recours à l’emprunt de l’ordre de 30 millions d’euros. La capacité financière d’investir de la ville est importante, dommage qu’elle ne puisse pas être priorisée pour relever les nouveaux défis auxquels nous devons faire face. Une cartographie des risques de notre cité serait la bienvenue pour nous donner les moyens d’une allocation plus opportune de nos ressources.
Nous devrons attendre le futur budget pour savoir quels choix vous aurez effectivement décidés. La fin du rapport et de son annexe 2 se contentent d’énumérer sans jamais les quantifier les possibilités de dépenses à venir.
Bref, il nous a été proposé un éventail de dépenses dans le prolongement de ce qui a été fait jusque-là. Pas de rupture en vue pour tenir compte d’un contexte profondément bouleversé.
D’autres agglomérations, gérées par des écologistes, tout en respectant leurs équilibres financiers, ont anticipé en investissant massivement de manière à réduire leurs frais de fonctionnement. Mais aussi à réduire les conséquences éventuelles de phénomènes climatiques qui vont se multiplier. Le retard pris dans ces domaines par notre ville doit être rattrapé au plus vite, sous peine d’être condamnés à des choix autrement plus douloureux dans le futur.
Jean Duverger, conseiller municipal Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie