Débat d’orientations budgétaire 2024 – Intervention au Conseil municipal – 29 janvier 2024
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Vous vous dites victimes d’une conjoncture horriblement défavorable, que vous ne pouviez pas faire autrement !

Vous vous résolvez, contraint et forcé, après 10 ans d’une gestion à courte vue avec le handicap de devoir gérer les conséquences de vos inconséquences passées. 

Vous aussi, vous déclarez “qui aurait pu prédire ?”

Parfois il y a des coïncidences surprenantes.

Au moment où le maire se voit « inviter », par une frange de plus en plus importante de son conseil municipal, toutes tendances politiques confondues, à démissionner ou à se mettre en retrait de la gestion de la ville, nous devons débattre d’un futur que beaucoup souhaitent sans lui.

Mais dix ans de gestion construite autour d’un dogme intangible : ne pas toucher à la fiscalité. Cela ne va pas sans conséquences. Le problème n’est pas le montant de la fiscalité, c’est aussi et surtout, ce que l’on en fait.

Ainsi, par exemple, depuis 2014, vous auriez pu vous inspirer de l’action de l’association Héliose créée en 1973, il y a de cela plus de 50 ans. L’objet de l’association : «  Maîtrise de l’énergie et développement des énergies renouvelables ». Une clairvoyance qui ne vous a pas donné l’idée d’anticiper !

Anticiper, c’est de cela dont vous êtes incapables et qui nous pénalise aujourd’hui.

Je cite votre rapport Développement Durable, inscrit à l’ordre du jour de notre conseil, « 18 mesures concrètes visant à économiser l’énergie et pleinement mises en œuvre pour la première fois en 2023 ».

Il a fallu pour ce sujet comme d’autres que l’urgence guide votre action. Une action conduite au jour le jour en fonction des contraintes du moment. Il n’y a pas d’objectif défini, votre plan de mandat c’est un ensemble de « coups » à réaliser ou non, sans cohérence, ni objectif défini.

Mais à force d’à force, la communication ne suffit plus à masquer ce manque criant de perspective, votre incapacité à adapter la ville aux multiples défis qu’elle se devra d’affronter.

Le rapport des Orientations Budgétaires, c’est l’occasion de fixer un cap, de définir une logique de l’action municipale, de se donner une boussole pour le suivre, ce cap. Mais sans boussole, difficile de s’orienter !

Depuis le début de ce mandat, depuis 2020, nous vous demandons avec insistance de mettre en place, pour de vrai, une évaluation des politiques que vous développez. Depuis le début de votre mandat, nous vous demandons la mise en œuvre d’un budget vert. Nous demandons plus de place pour les piétons, nous demandons la réintroduction et le développement du végétal en ville, seul moyen efficace de lutter contre les îlots de chaleur, de procéder à une analyse de l’exposition aux risques de la ville, etc. Tout cela pour faire face au défi incontournable qui est celui du changement climatique à l’œuvre aujourd’hui de manière de plus en plus perceptible et angoissante.

Pour ce qui est de l’évaluation, M. Jacques Guarinos en charge de ce dossier a démissionné sans avoir pu mettre en œuvre cette démarche.

Pour le budget vert, vous aviez promis qu’il serait mis en œuvre en janvier 2021. Il a fallu une année pour qu’une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage soit commandée, et après trois réunions de suivi en 2022, une seule le 5 décembre en 2023 ! Les écologistes souhaitent que le futur budget puisse s’appuyer sur cette démarche pour sortir d’une logique de silos et avoir l’approche globale qui convient, intégrant dans les prises de décision, l’aspect financier bien entendu, mais aussi, réellement, l’aspect social et environnemental.

Cette démarche permettrait s’il elle était mise en œuvre de se donner les moyens d’être cohérent dans les diverses décisions à prendre au quotidien. Il y a encore trop d’affectations budgétaires qui se font sans le réflexe d’aller plus loin que leurs coûts.

Mais là encore le retard pris est criant. Vous êtes alors contraints à un exercice « brillantissime » de funambulisme entre des annonces intenables et des réalités invérifiables. Henry’s, lui, ne serait pas tomber.

Vos annonces :

  • la poursuite du plan école de 40 millions, qui sera d’abord consacré en 2024 aux études et projets majeurs du mandat !
  • Pour les seniors, on met en place des ateliers pour proposer des actions concrètes.
  • Pour le bien être en ville, on poursuivra le déploiement des caméras, et les opérations flash propreté,
  • Etc., etc.

Je vous épargne la longue litanie des actions proposées, plus de vingt sur quatre pleines pages, jamais chiffrées à l’exception de celle du plan école. Un inventaire à la Prévert qui ne convint pas,  bien trop généraliste et vide de tout élément concret. Et bien entendu,  sans fixer  d’objectifs chiffrés à toutes ces actions. Sans qu’il y ait jamais la moindre évaluation de ce qui a été fait et une quelconque définition des objectifs à atteindre.

Ce qui est cocasse, c’est le préambule  à cette énumération. Il y est fait référence à l’adoption de la méthode I4CE pour une évaluation climatique des dépenses inscrites aux budgets et effectivement réalisées. Je rappelle que je l’avais suggéré dès début 2021,  et que Gaël Perdriau avait pris l’engagement public de la mettre en œuvre.

Nous attendons avec impatience vos propositions quantifiées lors de la présentation de votre futur budget. A ce propos vous écrivez, en faisant référence à la méthode I4CE:  “ La ville veillera ainsi à orienter ses dépenses publiques de manière efficiente, afin de prendre en compte les enjeux climatiques et environnementaux “ . Enfin ! 

C’est ce que nous demandons avec insistance depuis déjà longtemps. Nous serons très attentifs pour voir comment tout cela se traduira effectivement dans vos arbitrages à venir. 

Bref, vous l’aurez compris, nous voterons contre ce rapport. Il n’est que le miroir d’une démarche qui confond la velléité de faire à la réalité d’entreprendre vraiment. 

Les écologistes ont le sens des responsabilités, celui de préparer la ville à faire face aux effets avérés du changement climatique à l’œuvre. Il  oblige à définir des priorités pour rendre notre ville prête à relever cet immense défi.

Jean Duverger, conseiller municipal Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie