Décision Modificative Budgétaire – Intervention au Conseil de Métropole – 5 décembre 2024
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La décision modificative (DM) qui nous est présentée se caractérise par deux aspects antagonistes.

D’un côté, elle prend en compte, et heureusement, la détresse dans laquelle se trouvent plongées de nombreuses communes de la vallée du Gier, suite aux inondations d’octobre dernier, elle alloue une somme globale en première intention de 2 400 000 euros. (1 300 000 en fonctionnement et 1 100 000 en investissement).

De l’autre, elle entérine une gestion « sérieuse » et habituelle de notre collectivité en procédant à des ajustements, à la marge du budget primitif (BP) initialement voté. On remarque tout de même, en creux, des ajustements.  Une inflexion qui semble aller dans le bon sens : 70 000 euros sont alloués au plan alimentaire, alors que 75 000 euros sont eux alloués, à titre provisionnel, pour la résiliation du marché de MOE de la patinoire et 25 000 euros pour la clôture des marchés. Sans oublier les  1.2 millions d’euros consacrés au plan vélo pour des projets 2024.

Si les écologistes ne peuvent qu’être d’accord avec les crédits mis en place pour faire face à une partie des dégâts consécutifs aux dévastations constatées, la solidarité est une valeur essentielle de notre territoire, ils déplorent de ne pas avoir été entendus lorsqu’ils alertaient sur des risques d’inondations prévisibles.

Oui, bien entendu, il faut réparer les dégâts, mais il serait très opportun de faire de la prévention, d’anticiper et de se décider, une fois pour toutes, à donner la priorité à la mise en sécurité des populations et des différents équipements vis-à-vis du changement climatique à l’œuvre. Il n’y a pas eu de victime à déplorer, et c’est heureux mais le montant de la réhabilitation des infrastructures et des biens des particuliers est énorme.

Le GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), le PAPI (Programme d’actions de prévention des inondations), sont autant de sigles qui recouvrent des engagements encore bien trop timides pour contrer la brutalité et l’importance des phénomènes climatiques à l’œuvre.

Il faut s’emparer de ces outils pour anticiper avec les moyens financiers adéquats. Il va falloir arbitrer en tirant les leçons des coûts énormes des dévastations constatées.

Soit on anticipe les conséquences du changement climatique, soit on les subit.

Nous avions demandé à ce que le plan de relance soit conditionné à la prise en compte dans le choix des investissements, à leur dimension «durable» . Beaucoup de communes, et heureusement, ont d’elles-mêmes intégré cette dimension dans leurs projets. Mais bon…Cela s’est fait sans que l’on puisse coordonner les différentes initiatives et réfléchir à une approche collective, à l’échelle des bassins versants, qui ne connaissent pas, eux, les limites administratives. C’est en amont et tout au long des vallées qu’il faut agir.

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte nouveau : les crues qualifiées de décennales, quinquennales ou même centennales ne sont plus de mise. La répétition des phénomènes est plus rapide et plus violente. 2008, 2024, l’écart est de seulement 16 années…

Et au-delà d’une fréquence plus rapprochée, c’est l’aggravation exponentielle de la crue qu’il faut souligner.

On peut admettre qu’une DM ne soit pas l’outil adéquat pour changer l’ordre des priorités. Certes, mais il faut absolument que notre prochain budget traduise, par ses arbitrages, la réalité d’une prise de conscience effective que le contexte a changé.

Le changement climatique n’est pas une chimère agitée par des écologistes, il est maintenant là, à n’en plus douter. Ne pas en tenir compte c’est compromettre, par exemple, les liaisons ferrées et autoroutières avec Lyon, ce qui entrave l’activité économique du territoire et ne plaide pas en faveur de son attractivité. Ce que nous avions énoncé lors du vote de la hausse timide de la taxe « GEMAPI », s’est révélé hélas exact.

Si l’emprunt de 1 659 000 euros est opportun pour équilibrer nos comptes, dans l’urgence de la catastrophe, il deviendrait inutile si nous ne changeons pas notre compréhension de l’évolution des modifications climatiques actuelles.

Les citoyens se sont emparés de ces problématiques. Le collectif Partag’eau, constitué bien avant le 17 octobre dernier, a organisé un forum sur le sujet. Il s’est tenu le 16 novembre à Saint-Galmier. Messieurs Bonnet et Fara y sont intervenus. Cette mobilisation nous oblige, il nous faut répondre rapidement et de manière efficace à une attente citoyenne légitime, exprimée et parfaitement documentée.

Comme je l’ai évoqué plus haut, on comprend que les projets de la patinoire et de l’aménagement du quartier de la Cité du Design sont sur la sellette. Nous aimerions que l’on sorte de ce flou pour pouvoir mobiliser les ressources ainsi rendues disponibles à des urgences autrement plus essentielles. Il faut faire avec un nouveau contexte et sortir du déni.

Jean Duverger, Conseiller métropolitain écologiste de St Etienne Métropole