Intervention au Colloque Régional du CCFD-Terre Solidaire
Partager

Les travailleurs migrants et leurs familles : quels apports et problèmes pour le développement local d’un territoire?

Les migrations constituent un phénomène mondial qui a façonné, au fil des siècles, toutes les sociétés contemporaines. Elles sont intrinsèques à l’histoire de l’humanité, qu’il nous faut d’abord interpréter comme une histoire de la mobilité humaine. Aujourd’hui, nous recensons 214 millions de migrants internationaux dans le monde : d’après la banque mondiale, si ces populations constituaient à elles seules un pays, il occuperait le 5ème rang des pays les plus peuplés au monde.

Un « pays fictif » avec une économie réelle si l’on rappelle que le montant des rapatriements de fonds formels et informels vers les pays en développement, est selon l’OIM trois fois supérieur à l’aide publique au développement ! Proportion importante qui fait incontestablement du migrant le premier acteur du co-développement dans le processus d’émigration / immigration.

D’après des données Eurostat, en 2005, les migrants vivant en Europe ont envoyé 14 milliards d’euros de transferts de fonds à destination de leurs pays d’origine ce qui constitue l’une des premières sources de devises pour ces pays.

Ce déplacement d’échelle géographique qui situe la question migratoire est important à rappeler, car il permet de souligner que les mouvements migratoires ne se jouent pas dans une stricte relation Sud-Nord. Car ce serait oublier qu’à une échelle mondiale, l’essentiel de la dynamique migratoire (économique et politique) se joue dans une relation Sud-Sud. Aujourd’hui, dans nombre de pays d’Afrique, du Moyen-Orient comme de l’Asie du sud-est, les flux migratoires intra-régionaux ne sont pas sans accompagner des bouleversements politiques et sociaux importants.

Pourtant, ces flux migratoires Sud-Sud sont généralement occultés par les idéologues de la théorie de l’invasion parmi lesquels se trouvent de nombreux gouvernants européens ; théorie de l’invasion qui suggère que l’afflux de migrants aggravent les difficultés sociales des populations « nationales » et des immigrés déjà installées ! Quand bien même tous les travaux conduits sur l’intégration des immigrés en France, par exemple, démontrent l’absence de lien direct entre l’intensité des flux migratoires et les modalités d’intégration des immigrés ou encore la montée du chômage en France. L’immigration est un facteur important de dynamisme démographique et de développement social, économique et culturel. Autrement dit, l’immigration ne coûte pas aux pays d’installation : elle rapporte aux économies nationales.

// Intervention de Lela Bencharif // 10 décembre 2011 // Lyon //