Face à la pollution de l’air, Yannick Jadot, député européen, et Karima Delli, présidente de la commission transports à Bruxelles, interpellent avec trente élus et candidats écologistes le gouvernement français, condamné par la Cour européenne de justice
Jeudi 24 octobre 2019, la France a été condamnée par la Cour européenne de justice pour manquement à son devoir de protéger les citoyens contre la pollution de l’air. Nous, députés européens et candidats écologistes aux élections municipales, exigeons du gouvernement français qu’il prenne enfin la mesure de cette crise sanitaire, arrête sa collusion coupable avec les constructeurs et mette enfin tout en œuvre pour protéger la santé de nos concitoyen-ne-s.
La France est mise devant ses responsabilités pour n’avoir jamais pris les mesures nécessaires et appropriées pour limiter les émissions de dioxyde d’azote, émises notamment par les véhicules diesel. Une situation qui persiste encore aujourd’hui, comme en témoignent les pics de pollution auxquels sont régulièrement confrontés nos concitoyens. La pollution de l’air, c’est près de 65 000 décès prématurés chaque année en France.
Interdiction de circulation des véhicules les plus polluants, gratuité des transports publics, zones à faibles émissions, les villes auront beau faire tout ce qu’elles peuvent pour tenter d’éradiquer le problème, cela ne restera qu’un pansement sur une jambe de bois tant que l’État français, tous gouvernements confondus, continuera de protéger dans les couloirs feutrés de Bruxelles les intérêts des constructeurs.
En 2015, et alors même que le scandale du dieselgate venait d’éclater aux États-Unis, les États européens, dont la France, ont en effet autorisé les constructeurs à émettre jusqu’à 2 fois la norme européenne de 80 mg/km d’oxyde d’azote, et ce en toute légalité. Une étude récente du Conseil International pour un Transport Propre (ICCT) publié en septembre dernier montre que même les véhicules diesel Euro 6 les plus récents émettraient jusqu’à six fois cette norme européenne. Pourtant, rien n’est fait. Aucune commission d’enquête indépendante, aucun retrait obligatoire des véhicules incriminés, aucune compensation pour les consommateurs indûment piégés et doublement pénalisés, à la pompe et pour leur santé. Le sujet est aujourd’hui de retour sur la table des négociations à Bruxelles, et nous comptons bien tout faire pour le faire tomber. Le gouvernement Macron, lui, reste pour l’instant bien silencieux.
Ce que nous demandons au gouvernement français, c’est un plan d’urgence sur la qualité de l’air. Nous, député-e-s européen-ne-s et candidat-e-s écologistes dans des zones urbaines, continuerons à nous opposer à Bruxelles à toute dérogation pour les constructeurs automobiles. Nous continuerons à nous battre en France et en Europe pour que les constructeurs prennent à leur charge la mise en conformité des véhicules polluants et compensent les consommateurs qui ont été trompés. Nous mettrons sur la table la fin de la vente des véhicules diesel et essence dans toute l’Europe à l’horizon 2030. Nous nous engageons à mettre en place des transports en commun accessibles et de qualité partout sur le territoire, et à investir dans la mobilité douce notamment dans les centres urbains et péri-urbains.
La lutte contre la pollution de l’air est un combat pour toutes et tous. C’est une lutte quotidienne pour protéger les plus fragiles, qui sont aussi les plus exposés aux risques sanitaires. C’est un combat pour vivre mieux dans sa ville, tout simplement.
Stephane Baly, Stéphanie Bocquet, Sebastien Barles, Jeanne Barseghian, David Belliard, Jean-michel Bérégovoy, Bruno Bernard, Sylvie Cassou-Schotte, Juliette Chesnel-le Roux, Laure Curvale, Emmanuel Denis, Alexis Deck, Grégory Doucet, Jean-philippe Grand, Pierre Hurmic, Julie Laernoes, Agnès Langevine, Olivier Longeon, Rudy L’Orphelin, Stéphanie Modde, Clothilde Ollier, Eric Piolle, Clement Rossignol Puech, Sabrina Sebaihi, Isabelle Sévère, Jean Marc Soubeste, Matthieu Theurier, Priscilla Zamord, Béatrice Vessiller, Anne Vignot