LA POLLUTION DU PUITS COUCHOUD // Situation en novembre 2002
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RAPPEL DES FAITS

En décembre 2000, au nom des Verts j’avais révélé la pollution par hydrocarbures d’un puits de mine situé sur la commune de l’Horme : le puits Couchoud.
Physiquement, sa profondeur était évaluée à 497 m pour un diamètre de 3,50 m.

Je vous avais informé que ce puits contenait au moins 1100 m3 de produits dérivés d¹hydrocarbures (essence, gazole, phénols, goudrons, huile de vidange, …) ce qui constitue un scandale écologique de grande ampleur.

Suite à mes révélations, les administrations concernées avaient communiqué :
– que la profondeur du puits n’est pas de 497 mètres mais de 784 mètres,
– que l’estimation du volume entreposé est d’au moins 2000m3 ( pollution jusqu’à 300m de profondeur),
– que parmi les produits entreposés on trouve « en grande quantité » du benzène, du toluène, du méthanol, de l’isopropanol-acétone, du méthyl éthylcétone, du chloroforme, du dichlorométhane, du trichloroéthylène.

SITUATION ACTUELLE

Malgré le fait que cette situation soit désormais connue de tous, les produits dangereux sont toujours dans le puits de mine.

La situation s’est même aggravée avec la connaissance des faits suivants.

Le puits Couchoud est en relation avec au moins 9 puits de mine : St Claude, St Marcellin, Pinet, St Privat, Frontignat, St Paul, Burlat, Saint Jean, Gilliers.
Comptes rendus de visite du Contrôleur principal des mines en 1908 et 1909 :
Visite du 8.7.08 « Nous sommes descendus par le puits St Claude par la recette 549. Nous avons suivi le niveau 545 et visité le chantier par la nouvelle couche. Revenus au Puits St Claude, nous avons continué notre descente jusqu’au niveau de fond 680, le plan 671 -639, la galerie 739 et le plan 739. Nous nous sommes rendus dans le quartier en cloche de Couchoud ou nous avons parcouru les galeries d’aérage et visité son chantier. Nous avons rejoint le niveau 739 et gagné la recette de la deuxième entrée du puits Couchoud pour remonter au jour ». »

Visite du 23.3.09  » Nous sommes descendus par le puits Piney et avons suivi le chemin d’aérage jusqu’au pied de la remonte de retour d’air du puits St Marcellin. Suivi ensuite le retour d’air des travaux du quartier de Combérigol. Visité les travaux en cloche et gagné par le niveau 739 la recette de la deuxième entrée de Couchoud pour remonter au jour ».

Le puits Couchoud sert de « point de concentration des eaux provenant de différents points du gisement » (rapport Gester)
La gestion des mines du secteur laisse apparaître trois soucis principaux dont « les arrivées d’eau massives et anormales »…
– Août 1900 « actuellement la Péronnière nous envoie beaucoup d’eau: la moyenne de notre épuisement est remontée de 55 cuves à 68 pendant cette dernière quinzaine. ».
– En 1904 « la pompe installée dans le puits Couchoud a un débit variant entre 50 et 57 m3/h » Le 14.2.07 « entre la 4ème et la 2ème entrée du puits Couchoud, une colonne de tuyaux de 70 destinée à servir de refoulement à la pompe placée à la 4ème entrée du puits Couchoud. L’eau exhaurée par cette pompe, 50 à 60 m3/ par 24 heures, sera recueillie au réservoir de la deuxième entrée et élevée au jour par la pompe Jaudin. «  »

Certains des produits contenus dans le puits sont solubles ou miscibles dans l’eau.
Les fiches toxicologiques de l’INRS nous apprennent que :
le méthyléthylcétone « est très soluble dans l’eau » ;
les crésols « sont solubles dans l’eau » ;
le méthanol est « miscible dans l’eau » ;
le phénol est « soluble dans l’eau » ;
l’acétone est « totalement miscible avec l’eau ».

Certains des produits contenus dans le puits peuvent engendrer des explosions.
Les fiches toxicologiques de l’INRS nous apprennent que:
l’acétone « peut aussi réagir violemment avec certains hydrocarbures halogénés (trichlorométhane, ..) » ;
le méthanol est « un liquide facilement inflammable dont les vapeurs peuvent former des mélanges explosifs avec l’air »;
pour le dichlorobenzène « les vapeurs et poussières peuvent former des mélanges explosifs avec l’air »;
le méthyléthylcétone peut « réagir violemment avec certains hydrocarbures chlorés par exemple le trichlorométhane »;
le toluène « est un liquide très inflammable dont les vapeurs peuvent former des mélanges explosifs avec l’air ».

+ Certains des produits contenus dans le puits sont très toxiques pour l’homme.
La liste des composés toxiques contenus dans le puits est effrayante : Diméthyl formamide, butanoïc acid, acénaphtylène, imidazolidinethione, phtalate, buthoxyèthanol, dibenzofurane, octadecanoïc, diméthyl phénols, aniline, diméthyl dentines, triméthyl benzènes, naphtalène, diphénylamine diméthyl naphtalène, toluène, phénol, méthyl phénols, méthyl naphtalène,
hydrocarbures, éthyl phénols chlorobenzènes benziothiazole benzène isothiocyanate, méthanol, éthanol, acétone, phénol, trichlorométhane,trichloréthylène, trichloré thane, chloroforme, …

Les fiches toxicologiques de l’INRS nous apprennent que :
le toluène, les crésols, le dichlorobenzène le dichlorométhane, le benzène, le trichlorométhane, le trichloroéthylène, le méthanol, le phénol ont une
toxicité aiguë sur l’homme.
le méthyléthylcétone ou butanone et l’acétone ont une toxicité aiguë et chronique sur l’homme.

Les risques engendrés par ces produits sont divers : » irritations céphalées,nausées, vomissement, coma, troubles de la vision, perte de conscience,
modifications chromosomiques, atteintes du système nerveux central, cancérogénicité, anémies, atteintes hépatiques, hypertension… ».

Le rapport Gester du 20/03/2002 démontre de plus que le bouchon du puits n’est pas hermétique et que des gaz s’échappent dans l’atmosphère :
« les prélèvements effectués au sol au droit de la tête du puits Couchoudmontrent des dégagements gazeux quantifiables. Suite aux phénomènes de dilution lors de leur arrivée dans l¹atmosphère et selon les hypothèse considérées dans ce travail, les risques pour la santé humaine sont acceptables ».

Les produits toxiques sont présents sur toute la profondeur du puits.

Le volume de la pollution reconnue est maintenant devenu très considérable, sans commune mesure avec les chiffres donnés lors de la conférence de presse de décembre 2000.

Selon la D.R.I.R.E. « Les analyses des prélèvements effectués en mars 2001 jusqu’au fond du puits (4 échantillons entre 300 m et 750 m de profondeur) ont montré la présence de trois phases de produits organiques (dichlorométhane, chloroforme, Trichloéthylène, dichlorobenzènes, benzène,…):
les produits lourds piégés dans la partie basse du puits (environ trente à cinquante mètres de produits pâteux) et qui ne peuvent migrer vers
la surface ;
la phase aqueuse intermédiaire la plus susceptible de migrer vers des émergences éventuelles ;
les produits légers probablement prisonniers de la partie haute du puits apparemment très étanche ».

Le Puits Couchoud comprend 4 galeries en relation avec d’autres puits ainsi que deux galeries de 150 mètres (rapport du B.R.G.M.) .

Rapport de l’ingénieur en chef 11.6.1849: « Le puits Couchoud commencé en 1828 a été abandonné en 1838 à la profondeur de 420 mètres. On y a ouvert deux galeries d’environ 150m de longueur mais on a trouvé aucune trace de houille. Ce puits fournissait beaucoup d’eau ». En 1855, le forage est repris et le 9.8.1891, la compagnie des mines du plat du Gier écrit : » nous avons rencontré la couche de charbon à la profondeur de 765m dans le puits Couchoud.. ».

De plus, le puits comprend 4 autres galeries en relation avec d’autres puits :
la première aux environs de 480 mètres connectée au puits St Jean ;
la 2ème vers 620 mètres connectée indirectement au puits Gilliers ;
la 3ème vers 700 mètres avec des connections non indiquées ;
la 4ème vers 780 mètres connectée indirectement au puits Gilliers.

La pollution en passant par les galeries a pu contaminer d’autres concessions minières.
Les évaluations actuelles du volume de pollution prennent uniquement en compte la contamination du puits Couchoud.

Le récent rapport du BRGM est pourtant clair : « les premiers produits pétroliers déversés dans le puits Couchoud ont pu pénétrer dans les galeries minières. Ceci laisse donc ouverte la possibilité que certains produits en phase liquide non aqueuse légère aient migré ou migrent au-delà des seules limites des parements du puits Couchoud « .

On en arrive, si cela est confirmé, à un immense volume pollué.

Ceux qui veulent relativiser cette hypothèse en affirmant que les galeries ont peut être été bouchées sont démentis par le rapport du BRGM qui cite :
« Aussi, la connection clairement établie entre toutes les concessions minières (du fait des effets conjoints des galeries reliant les puits, de l’exploitation des zones d’investison, de la fissuration d’origine tectonique) implique qu’il ne peut être fait l’hypothèse d¹un cloisonnement entre les différentes concessions minières du district. L’hypothèse d’un remblaiement des galeries minières ne peut non plus assurer un tel isolement, ni même une réduction significative des capacités de débit ou d’échanges hydriques. »

Si cette contamination était avérée, on serait en présence d’un énorme volume de produits toxiques qui rendrait caducs les théories actuelles d’évaluation de la migration des polluants dans le sous-sol.

CONCLUSIONS

Cette énorme pollution est connue depuis des années. Mais rien n’a changé, les produits toxiques n’ont toujours pas été enlevés de cette décharge illégale.
Pourtant, ces composés chimiques sont très dangereux pour l’homme.
De plus ils sont « stockés » en présence d’eau et la plupart sont miscibles ou solubles dans l’eau.

Fait aggravant, la quantité des produits polluants est sans commune mesure avec les premières évaluations, bizarrement, leur volume total n’a jamais fait l’objet d’une étude ce qui peut rendre hypothétique le soi-disant confinement de la pollution.

D¹étude en étude, on apprend que la situation est pire que ce qui nous était révélé précédemment : profondeur du puits, galeries, relations avec d¹autres systèmes miniers, nature et volume des produits

Il est maintenant souhaitable de ne plus perdre de temps.

Une association de riverains est en cours de constitution.
Le 10 Octobre 2002, un voeu demandant à l’Etat « que la dépollution du puitsCouchoud soit engagée dans les délais les plus brefs » à été voté à l’unanimité des élus de St Etienne métropole.

Ne cherchons pas la fausse excuse de ne pas enlever ces produits sous prétexte que l’on ne sait pas le faire.
Les techniques et matériels utilisées lors du pompage de pétroliers ou chimiquiers échoués seraient-ils utilisables sous mer et non sous terre ?

De plus, affirmer qu¹une dépollution du site pourrait entraîner une pollution est une affirmation sans fondement vu qu’aucune étude n’a été engagée sur cette hypothèse.

Il y a urgence à pomper ces produits, à les traiter et à valoriser une commune située au pied du Parc naturel régional du Pilat.

Dans ce scandale, seule manque la volonté de faire appliquer la loi française.
Il n’y a pas besoin d’expertise ou d’étude pour sans apercevoir.
Va t-on, dans la Loire, créer une jurisprudence puits Couchoud qui dispenserait les pollueurs de réparer leur infraction à la Loi ?

Pour les Verts
Jean-Philippe BAYON
Conseiller régional