
Le rapport final du plan cancer qui nous est soumis aujourd’hui va dans le bon sens, évidemment, puisque son objectif est d’améliorer la santé des Stéphanoises et des Stéphanois. Mais vous connaissez le proverbe : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Si les élu·es municipaux écologistes partagent dans son ensemble l’analyse du contexte et des enjeux, nous ne comprenons pas toujours les choix d’actions envisagés. Par exemple, comment comptez-vous encourager la pratique d’une activité physique au quotidien dans une ville où la voiture est toujours reine et où les piscines ferment ? Ce n’est pas en organisant des défis, comme cela est envisagé dans le Plan Cancer, mais bien en repensant totalement les modes de déplacements à Saint-Etienne. Le Plan Cancer annonce timidement des aménagements de “cheminements sécurisés et favorables aux mobilités actives, notamment piétonnes”. Une nouvelle fois, les piétons et les cyclistes devront se cantonner à circuler sur les quelques voies qui leur seront réservées, alors que la ville devrait être pensée en priorité pour eux. Quand sera-t-il enfin possible pour les piétons et les cyclistes de se déplacer en toute sécurité et avec plaisir dans Saint-Etienne ? Les baromètres des villes cyclables et marchables le confirment chaque année : Saint-Etienne est systématiquement en queue de classement. Les panneaux de signalisation ne s’intéressent qu’aux automobilistes, et il manque toujours une signalisation différenciée pour les cyclistes et les piétons.
Dans ce Plan cancer, on apprend également que désormais, une démarche “santé » serait intégrée dans les projets urbains. Cela passerait par une végétalisation de la ville ou encore la mise en place de zones limitées à 30 km/h. Permettez-nous d’en douter, car depuis 2014, pour M. Perdriau et son équipe, végétaliser une ville, c’est sortir quelques arbres en pots à l’arrivée de l’été, c’est couper des arbres centenaires, c’est minéraliser les places du centre-ville, c’est réduire la nature en ville à un soi-disant jardin d’Eden cloisonné entre 4 murs, et que les Stéphanoises et les Stéphanois devront encore attendre. Rappelons-le : l’une des premières décisions prises lors de l’arrivée de M. Perdriau et son équipe en 2014 a été de rouvrir aux voitures les rues et places qui avaient été piétonnisées lors du mandat précédent. Une zone où la circulation serait limitée à 30 km/h ? Non M. Perdriau, des panneaux et des marquages au sol ne suffisent pas à apaiser la circulation. Pour qu’une zone 30 devienne réalité, il faut contrôler la vitesse, faire des aménagements favorisant les déplacements doux, aménager la voirie pour casser la vitesse des véhicules motorisés, limiter les stationnements aux carrefours pour améliorer la visibilité et permettre aux piétons et aux cyclistes de circuler en toute sécurité.
Pourtant, les experts sont unanimes : la pollution de l’air extérieur est un cancérogène certain. La dernière étude d’impact sanitaire réalisée par Santé Publique France en 2021 estime à 40.000 le nombre de décès annuels attribuables à l’exposition aux particules fines. Elle estime à 1.500 le nombre de cas de cancer du poumon annuels attribuables à leur exposition. Et dans les villes de plus de 100.000 habitants, dont fait partie Saint-Etienne, elle évalue une baisse d’environ 15 mois de l’espérance de vie.
Alors oui, nous partageons votre constat : une municipalité peut et doit agir pour améliorer la santé des habitantes et des habitants. Mais elle ne doit pas se cantonner à distribuer des goodies et des fascicules sur un Plan cancer qui répertorie des actions déjà menées. Une municipalité qui agit pour la santé des habitantes et des habitants doit se doter d’un vrai Plan de Protection de l’Atmosphère. Elle doit être partie prenante de la mise en place d’une vraie Zone à Faibles Émissions mobilité, bien au-delà des effets d’annonce. Pour la santé de toutes et tous, elle doit agir pour améliorer la qualité de l’air dans toute la ville et toute l’année.
Julie Tokhi, conseillère municipale Europe Écologie Les Verts du groupe Le temps de l’écologie