Nous votons aujourd’hui le Programme Local d’Habitat qui planifie sur plusieurs années la réalisation des logements sociaux de la métropole. Nous avons déjà deux P.L.H. derrière nous, c’est-à-dire deux programmes de réalisation de logements sociaux et, si certaines commune de Saint-Etienne Métrople adhèrent au principe et aux objectifs, on peut parfois se demander si la pleine application des Plans Locaux d’Habitat successifs n’a pas été un peu plus compliquée et on peut sérieusement se poser la question de l’indépendantisme de certains maires et de certaines communes.
C’est l’enjeu de ce troisième P.L.H. : que ce ne soit pas un accord de façade mais une réalisation avec une meilleure coordination entre les élus, notamment dans la prochaine mandature.
Nous avons voté ce Plan Local d’Habitat lors du Conseil de Saint-Etienne Métropole, certes en intervenant beaucoup moins qu’aujourd’hui, peut-être parce qu’il y a moins de débats en conseil métropolitain, mais aussi parce que recevoir un tel document quelques jours auparavant ne facilite pas la lecture complète, l’analyse et la projection. Maintenant que nous avons pris un peu de recul, nous en profitons pour donner notre avis.
Le cadre de ce P.L.H. est une politique de rattrapage, de recadrage : on a fait beaucoup de logements sociaux dans certaines communes et pas assez dans d’autres. L’idée louable de ce plan est de rétablir l’équilibre au sein de la métropole et de répartir équitablement les logements sociaux sans créer de concentration tout en créant de la mixité.
Pour l’équilibre futur de ce P.L.H., il y a nécessité de développer la mixité dans les trois dispositifs de logements sociaux : P.L.A.I, P.L.S., P.L.U.S. En France, à peu près 70 % de la population est éligible aux H.L.M., dans le périmètre de Saint-Etienne Métropole, c’est plutôt 80 % : on doit répondre à toutes les offres mais on doit aussi diversifier.
Nous saluons ici certains travaux de démolition et de reconstruction. Globalement, il y a un enjeu intéressant, assez bien conduit, au moins sur les villes centres.
Nous regrettons la faiblesse du dispositif d’accession à la propriété appelé P.S.L.A.
Pourquoi cette faiblesse ? Parce que peu de logements sont prévus et qu’il est peut-être difficile d’estimer la capacité d’investissement des stéphanois, ou, peut-être avez vous décidé de laisser de la place à la future vente des logements H.L.M ? Cela c’est déjà fait à Saint-Etienne, notamment à La Cotonne. Dans le cadre de la future loi ELAN, la possibilité de vente des logements H.L.M à leurs occupants sera accentuée. Est-ce votre volonté ? Il serait intéressant de le savoir.
En lisant la répartition des futurs logements sociaux, on imagine votre scénario d’un développement assez important de l’urbanisation et du logement social sur St Etienne Métropole, ce que l’ont voit également avec le Schéma de COhérence Territoriale : la vision d’une agglomération qui se développerait, voire qui se développerait énormément.
S’il est louable de vouloir une agglomération qui se développe, nous savons maintenant que la progression est beaucoup plus lente que prévue, notamment dans certaines communes. Le futur Plan Local d’Urbanisme sera intercommunal : toutes les communes devront réfléchir ensemble, toutes les communes devront imaginer perdre des surfaces à urbaniser parce qu’on ne peut pas continuer à étaler continuellement la ville d’où la nécessité de réduire l’utilisation des gaz à effet de serre et donc le réchauffement climatique.
Pour nous, ce P.LH. s’engage dans une bonne direction, il faudra aller encore plus loin dans le futur Plan Local d’Urbanisme. Et, certainement, ce sera à la future majorité de Saint-Etienne Métropole et de Saint-Etienne de co-construire ce plan Local d’urbanisme intercommunal qui intégrera un plan de déplacements urbains qui réduise la part des transports polluants.
Malgré tout, notre inquiétude est que ce P.L.H. soit contrecarré, pour ne pas dire qu’il s’écrase violemment contre la volonté d’économies du gouvernement.
Je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il y a une vraie menace sur le logement social aujourd’hui.
On peut comprendre que le gouvernement impose le regroupement des structures H.L.M., on peut même comprendre certaines baisses d’A.P.L. conjuguées à des baisses de loyers, en convenant que ce sont des économies pour les finances publiques et que les locataires s’y retrouvent en payant un peu moins.
Toutefois, nous avons peur qu’il s’agisse d’une économie immédiate (au début, le locataire voit son loyer baisser légèrement de 10, 20, 30 € …) mais à l’échelle de Saint-Etienne Métropole, le gouvernement vise une économie de 50-60 M€ au sein des sociétés de H.L.M. dans les 4 ou 5 ans à venir, c’est énorme et risque de grever complètement leur budget d’amélioration, notamment le budget d’isolation des bâtiments : isoler des bâtiments c’est économiser sur les charges et optimiser sur le « reste à vivre ».
Lutter contre les loyers et les charges trop chers, c’est réduire la fracture sociale par la réduction de la précarité énergétique. Nous avons peur que cette loi ELAN amène une telle économie que les logements ne soient pas améliorés, que les charges ne baissent pas et que les locataires ne s’y retrouvent pas parce que le prix du pétrole va continuer à augmenter.
Il y a donc une urgence : à nous de faire notre travail en tant que Saint-Etienne Métropole et Ville de Saint-Etienne mais il y a également urgence que l’Etat revienne sur cette loi ELAN.
Olivier Longeon
Conseiller municipal Europe Ecologie Les Verts de St Etienne