Le Rapport des Orientations Budgétaires est très représentatif de votre acharnement à persévérer dans le déni. Le déni de l’urgence à devoir agir. Agir pour rechercher et mettre en œuvre des projets qui n’insultent pas l’avenir.
« Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. »
C’est le début d’un texte de Fred Vargas paru en 2008, il y a déjà 15 ans. Je vous en conseille la lecture. Il est très éclairant sur ce qu’il nous est donné de vivre aujourd’hui.
Vous nous aviez conviés à participer au “budget vert”.
Mais ce qui devait donner une cohérence à votre action ne transparaît pas dans le rapport des Orientations Budgetaires qui nous est présenté. Espérons qu’il n’en sera pas de même pour le budget lui-même.
Avant de poursuivre la réalisation d’investissements décidés dans un tout autre contexte, il faut se poser la question de leur pertinence. La réflexion sur l’élaboration d’un “ budget vert “ vous aurait aidé.
Vous persistez. Vous maintenez les investissements prévus coûte que coûte, comme un dogme intangible. Selon vous, il faudrait les maintenir tel-quels, pour conforter l’activité économique. En laissant inchangé le taux de fiscalité, vous condamnez la ville à mettre à mal un autre de vos engagements, celui de contenir son taux d’endettement. Est-ce que cela n’est plus prioritaire pour vous ?
La fiscalité reste inchangée pour le budget de la ville, mais augmente à la Métropole. Habiter à Saint-Étienne c’est aussi payer les impôts de la Métropole. Les habitantes et habitants ne sont pas dupes. Ce qu’ils ne payent pas à la ville, ils le payent pour la Métropole. Votre engagement n’est donc pas tenu !
Votre entêtement va vous conduire à emprunter plus du double de ce que vous aviez imaginé faire l’année dernière. L’emprunt avait été estimé à 11 millions en 2022, page 50 de votre rapport, vous prévoyez d’emprunter 24 millions d’euros.
Il faut reconsidérer les urgences et les priorités de la ville, au regard de nouvelles exigences, celles de la lutte contre le changement climatique et des économies d’énergie. Il s’agit de conforter la résilience de notre collectivité.
D’autres villes ont pris d’autres options qui les mettent en meilleure position pour affronter ce que nous évoquions déjà dans nos interventions sur les Orientations Budgétaires de 2021 et de 2022.
Mais, sans évaluation des politiques que vous définissez au coup par coup, vous vous empêchez d’en apprécier la pertinence ou non. Vous vous interdisez de les rendre plus efficientes et les réorienter le cas échéant. En pilotant à vue, vous saisissez ce qui paraît être des opportunités, mais sans vision partagée, il n’y a pas de véritables opportunités. Sans cap, il est difficile de savoir si un vent est favorable ou contraire.
Les investissements à privilégier sont ceux qui réduisent le recours aux énergies fossiles. Ceux qui permettent de diminuer nos émissions de CO2, de végétaliser la ville pour en diminuer l’artificialisation des sols. Ce sont des investissements qui font la part belle aux déplacements doux, comme le vélo et la marche à pied, combinés à un réseau de transport en commun rendu plus fluide par la diminution drastique de la voiture en ville. C’est ce qui permettra d’apaiser notre ville, de la rendre plus attractive grâce à des conditions de vie améliorées. Attractive autrement qu’en privilégiant le seul développement économique sans prise en compte de notre environnement.
Voilà ce dont nous devrions débattre, pour que nous prenions ensemble le virage d’une transition attendue et indispensable.
La crise sanitaire, la guerre en Europe, l’inflation mettent en évidence notre trop grande vulnérabilité.
Votre incapacité à prendre en compte l’impact des changements pourtant prévisibles auxquels nous sommes confrontés, nous place dans une situation difficile.
Il était possible de prévoir ces difficultés, votre entêtement à rester camper sur de vieux schémas condamne la ville à réussir l’impossible, dans un temps restreint.
Changer de logique, et imaginer le monde nouveau qui va avec. Les Stéphanoises et Stéphanois qui se sont mobilisés très nombreux, jeudi 19 janvier, ont montré le chemin.
La ville devrait savoir les mobiliser et les associer pour construire ensemble un avenir nouveau pour notre ville, pour tourner la page d’une gestion dépassée, d’une gestion disqualifiée par un retard accumulé impressionnant.
Jean Duverger, Conseiller municipal Génération Écologie du groupe Le temps de l’écologie