La publication de ce rapport est une obligation légale depuis 10 ans. Je ne peux pas dire que rien n’est fait. Mais comme trop souvent, les rapports qui nous sont présentés mettent en valeur les actions menées, mais ne permettent pas d’évaluer concrètement le chemin qu’il reste à parcourir.

Cette année encore, les semaines de l’égalité sont sur-représentées dans ce rapport. Bien sûr, ces 3 semaines sont un moment fort de lutte contre les inégalités et de sensibilisation. Mais l’action de Saint-Etienne Métropole en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ne peut pas se cantonner à 3 semaines d’événements intensifs. C’est toute l’année que ce combat doit se mener, et pas seulement par des actions de sensibilisation, mais par des actions concrètes.

Nous pouvons faire bien mieux, nous devons être en capacité d’innover pour réduire les inégalités au quotidien. Le harcèlement de rue et les inégalités dans l’occupation de l’espace public devraient être une préoccupation importante et Saint-Etienne Métropole devrait passer à l’action. La rue est un espace commun, il doit le rester, et toute personne, quel que soit son genre ou son orientation sexuelle, doit pouvoir évoluer en toute sécurité dans l’espace public.

L’Eurométropole de Strasbourg par exemple, a mis en place un plan de lutte contre le harcèlement de rue. Par exemple, des formations sur les violences sexistes et sexuelles en milieu nocturne sont proposées aux établissements de nuit. En cas d’agression, le personnel de ces établissements est souvent le premier à recueillir la parole et à être sollicité pour intervenir. En cas de problème, ils n’ont pas toujours les clés pour agir de façon adaptée à la situation. Le déploiement ici de telles formations permettrait d’apaiser la vie nocturne et ainsi de rendre le territoire plus attirant, en particulier pour les plus jeunes.

Concernant la politique des Ressources Humaines de Saint-Etienne Métropole, idem, des actions sont menées, mais le manque d’indicateurs et d’objectifs chiffrés ne permet pas d’évaluer convenablement le chemin parcouru et le chemin à parcourir.

Lister les actions menées ne suffit pas : il faut se mettre en capacité de repérer les actions à renforcer, à créer.

Un point qui devrait attirer toute notre attention, c’est que contrairement à la tendance nationale dans les collectivités territoriales, les écarts salariaux s’accentuent entre les agentes et les agents. Ils sont en partie dus au fait que certains métiers restent encore fortement genrés. La lutte contre ce phénomène est encore bien trop timide : que fait notre collectivité, au-delà du constat ?

Le minimum serait de développer une communication visant à réduire les préjugés, ou encore d’aller vers les publics en recherche d’emploi en faisant la promotion des métiers et de leur accessibilité non genrée. Le plan d’action de Saint-Etienne Métropole prévoit l’aménagement systématique de vestiaires et de sanitaires dans les nouveaux équipements. Pourtant, il y a aussi du travail de rénovation et d’aménagement à faire dans les locaux existants.

Ces différences de salaires peuvent aussi s’expliquer par la sous-représentation des femmes dans les postes de management. Il est inquiétant de remarquer que de moins en moins de femmes occupent ce type de postes, alors qu’au contraire, elles devraient être de plus en plus nombreuses. Depuis l’année dernière, c’est une proportion plus faible de femmes aux postes de managers stratégiques, de responsables de services, de managers intermédiaires. Là aussi, d’autres collectivités de communes agissent concrètement.

La communauté urbaine du Grand Poitiers a par exemple lancé un programme de formation à la prise de parole et à l’affirmation de soi en public à destination des femmes. Car oui, c’est un constat sociologique : les femmes ont une fâcheuse tendance à sous-évaluer leurs capacités et à prendre l’initiative d’une prise de parole ou d’une proposition en public. Leurs aptitudes souffrent trop souvent d’un manque de mise en valeur, qui peut ralentir, voire obstruer leur avancement dans l’organigramme d’un service.

Donc certes, des actions sont menées par Saint-Etienne Métropole pour favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais c’est encore bien insuffisant, nous devons prendre part à l’évolution nécessaire de notre société.

Julie Tokhi, conseillère métropolitaine de Saint-Etienne