Règlement Local de Publicité Intercommunal (RLPi) // Intervention de Julie Tokhi au conseil de Métropole // 1er décembre 2021
Partager

Je tiens tout d’abord à saluer le travail réalisé par Gilles Thizy et les services. C’est un travail nécessaire pour apporter la sérénité aux habitants du territoire, en limitant les sollicitations visuelles qui constituent une véritable pollution esthétique et mentale. Je ne vais pas revenir aujourd’hui sur l’impact délétère de la publicité sur le bien-être mental de toutes et tous, en particulier des plus jeunes.

A défaut de la supprimer, la mise en place d’un Règlement Local de Publicité Intercommunal est une occasion unique de limiter la présence de la publicité dans l’espace public. Au-delà d’une évolution de la législation, il est indispensable que la collectivité se dote d’outils de contrôle efficaces. Prenons l’exemple de l’extinction nocturne des enseignes lumineuses entre 22h et 7h, qui va plus loin que la disposition nationale qui se limite aujourd’hui à une extinction entre 1h et 6h. A l’heure actuelle, une simple promenade nocturne permet de se rendre compte du nombre considérable d’infractions à cette règle. Qu’est-il prévu pour faire respecter le règlement proposé aujourd’hui ? Qui sera en charge du pouvoir de police, qui peut être transféré au Président de l’intercommunalité à partir de 2024, comme le prévoit la loi Climat et Résilience ? Il ne servirait à rien de mettre en place un règlement si on n’est pas en capacité de le faire respecter. Pour rappel, 28% des dispositifs actuels sont non conformes.

De même, dans le cas des enseignes laissées à l’abandon sur des commerces fermés, avez-vous prévu de contraindre les propriétaires à intervenir ? La réussite de ce nouveau règlement nécessitera de la pédagogie. Il faudra, tout au long de sa mise en place, accompagner les commerçants, enseignistes et professionnels de l’affichage pour leur permettre de mieux comprendre cette nouvelle réglementation, de mieux anticiper et ainsi de mieux s’y conformer.

Autre point : pourriez-vous expliquer pourquoi les publicités et préenseignes disposées au sol pourront finalement atteindre les 10,5 m2 en zone péri-urbaine pour les communes de plus de 10.000 habitants, alors que vous aviez annoncé qu’elles seraient limitées à 4 m2 lors des réunions publiques ? J’imagine que c’est le résultat d’une négociation, d’une recherche de compromis. Vous soulignez dans votre rapport le demi-échec de la concertation et le manque de participation de la population au débat. Qu’envisagez-vous de mettre en place pour que l’enquête publique à venir soit un succès, et que les équilibres soient respectés ?

Enfin, il est vrai que le règlement proposé va plus loin que la réglementation nationale, il reste que pour nous, écologistes, il ne va pas encore assez loin. En particulier concernant les publicités numériques. Elles ont littéralement envahi l’espace public en quelques années à peine, et même notre collectivité y a recours. Et pour cause : comme tout écran, elles attirent l’œil, hypnotisent et focalisent l’attention. Nous saluons leur interdiction en zone naturelle et hors agglomération mais nous demandons également leur interdiction dans l’ensemble des centres villes, des zones d’activités, des axes et des entrées de ville. Ces dispositifs ne font pas que dénaturer le paysage visuel : ils déconcentrent et représentent un réel danger pour toutes et tous, que ce soit en voiture, à deux-roues, à vélo ou à pied. Ils sont énergivores à l’utilisation mais surtout à la production, tout ça pour finir régulièrement en panne.

A l’heure où une importante partie de la population a enfin pris conscience des enjeux climatiques, c’est à nous, élu·es, de prendre des décisions réellement ambitieuses et plus respectueuses pour notre planète.

Julie Tokhi, conseillère métropolitaine Europe Écologie Les Verts