Rénovation de copropriétés // Intervention de Julie Tokhi au conseil de Métropole // 24 mars 2022
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Cette délibération concerne la rénovation énergétique et la volonté affichée de Saint-Etienne Métropole de soutenir la rénovation énergétique des copropriétés. En tant qu’écologistes, nous sommes hautement conscients qu’il est urgent, entre autres, d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments. L’habitabilité de notre planète en dépend, et l’offensive russe en Ukraine vient nous rappeler à quel point nous sommes dépendants de l’énergie et de ses fournisseurs.

Oui, il est urgent d’agir, et de façon ambitieuse et volontariste. Le dispositif de soutien aux copropriétés envisagé par Saint-Etienne Métropole pour, je cite, contribuer “à la massification de la rénovation énergétique et à la réduction des consommations énergétiques du secteur résidentiel” est malheureusement bien en dessous des enjeux actuels. Le montant qui lui est alloué est de 2 millions d’€ sur 3 ans. 2 millions d’€, ça peut paraître beaucoup pour un ménage, mais à l’échelle d’une métropole de plus de 400.000 habitants, c’est un pansement sur une jambe de bois. Cela représente un investissement d’environ 1,7€ par an et par habitant. Pour comparaison, sur cette problématique, nos voisins du Grand Lyon s’engagent sur un investissement de 74 millions d’€ sur 5 ans, soit 10€ par an et par habitant…

Ce que nous regrettons surtout, c’est le manque de pragmatisme des objectifs fixés. Il est quantitatif et s’intéresse au nombre de copropriétés aidées, soit 36 copropriétés ! L’objectif est on ne peut plus modeste, et surtout, la collectivité va une nouvelle fois attendre que les copropriétaires viennent à elle. Si nous voulons agir vite et  bien, c’est à la collectivité d’aller vers les logements les plus énergivores, les fameuses passoires thermiques. Rappelons que la loi climat interdira dès 2025 la mise en location de logements classés G. En 2028, ce seront les logements classés F et en 2034, seuls les logements classés de la classe A à D pourront être proposés à la location. 

Pourtant, la collectivité a en sa possession des diagnostics qualitatifs du territoire : un bilan des passoires a été réalisé grâce à des caméras thermiques, un cadastre solaire existe également. En complémentarité avec les dispositifs nationaux, Saint-Etienne Métropole pourrait choisir de cibler les logements les plus énergivores, de contacter les copropriétaires pour leur proposer un accompagnement de qualité, alliant conseil, aides financières et mise en relation avec des professionnels compétents. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’attendre les sollicitations de propriétaires désireux d’améliorer la performance énergétique de leur logement. Et plutôt que de communiquer sur le nombre de copropriétés accompagnées, nous ferions mieux de nous fixer des objectifs de baisse d’émission de CO² ou de baisse de consommation énergétique.

Enfin, pour beaucoup, l’argent constitue un frein à la rénovation de leur logement. Même en cumulant les aides de l’État et les aides territoriales, ce reste à charge est impossible à assumer pour les plus précaires d’entre nous. Comme le rappelle l’association “Stop à l’exclusion énergétique”, “seules les rénovations complètes et performantes permettent de sortir de façon pérenne les familles en difficulté de la précarité énergétique”. Si l’objectif est réellement de limiter la consommation d’énergie, nous avons tout à gagner à cibler les logements les plus énergivores et financer la rénovation en fonction des revenus des propriétaires, en participant de façon conséquente si nécessaire. Nous pourrions alors, et agir pour une vraie sobriété énergétique, et lutter contre l’exclusion énergétique des plus précaires.

Encore une fois, la forêt brûle et nous ne pouvons, nous ne devons pas  nous contenter de verser quelques gouttes d’eau sur l’incendie : il est grand temps de prendre toute la mesure de l’urgence et de faire preuve de pragmatisme.

Julie Tokhi, conseillère métropolitaine EELV de St Etienne