
Notre vision est moins idyllique que celle que vous avez voulu nous donner.
Colbert, Saint-Exupéry, Brassens, comme de nombreux établissements, ces lycées ont voté ou rejeté un budget 2023 qu’ils savent insincère. Leurs factures d’énergie, entre autres, explosent et les gestionnaires ne pourront faire face sans réévaluation de la dotation globale de fonctionnement. L’enveloppe supplémentaire adossée à l’engagement au plan de sobriété n’y changera pas grand-chose.
Vous préférez fermer les yeux sur ces situations, ou plutôt faire diversion en adressant par exemple des courriers aux lycéens et lycéennes pour les appeler à, je cite, « un effort plus marqué » sur le gaspillage alimentaire. Nous espérons que vous avez fait preuve de la même rigueur antigaspi lors de votre Dîner des Sommets en juin dernier, à défaut de rigueur et sobriété en matière d’utilisation de l’argent public dont vous vous êtes pourtant fait le chantre.
Pour de véritables économies, les Écologistes prônent depuis toujours la rénovation thermique massive des bâtiments. Alors c’est peu dire que nous attendions avec impatience ce bilan et ce schéma d’investissements dans les lycées publics. Nous les avons demandés à presque chaque commission. Comme on nous renvoyait systématiquement aux calendes grecques, nous avons opté pour la création d’une Mission d’Information et d’Évaluation, que nous voterons, très tard, ce soir.
Ce rapport engage une part importante du budget de la région pour les 8 années à venir. La stratégie immobilière des lycées pourrait être un levier majeur de lutte contre le dérèglement climatique, les injustices sociales et pour l’économie locale. J’aurais souhaité vous parler des lycées Juliette Récamier, Aristide Bergès ou René Descartes, de leur état dégradé et de leurs besoins.
Mais malgré notre demande, chaque groupe n’a droit qu’à 2 minutes pour développer sa vision de cette problématique. Cette désinvolture est significative de votre politique des petits gestes désordonnés.
Ce n’est pas encore aujourd’hui que la région va adopter une stratégie immobilière visionnaire et ambitieuse au service de la formation de tous les jeunes de la région.
Ce rapport, imprécis et écrit en toute hâte, nous plonge dans un épais brouillard.
Côté bilan : zéro lycée en mauvais ou très mauvais état en 2020. Comment qualifier alors les conditions d’études et de travail par exemple à Saint-Exupéry de Valserhône ? à Joseph Constant à Murat ? à Bouvet de Romans sur Isère ?
264 des 305 lycées « sécurisés », seulement 69 mis en accessibilité complète. Cette obsession sécuritaire a englouti près de 100 millions d’euros au détriment de la rénovation des internats et cuisines. Et toujours pas d’analyse de la performance énergétique des lycées rénovés.
Côté perspective : Le catalogue des opérations, programmées ou à voter, est présenté sans budget ni calendrier. Des lycées sont pointés plusieurs fois pour les mêmes projets. D’autres, comme le lycée des Sardières à Bourg-en-Bresse ou Frédéric Faÿs à Villeurbanne, sont écartés malgré des besoins identifiés depuis longtemps… le seraient-ils au profit d’investissements facultatifs dans des lycées privés sous contrat ?
La Mission d’Information et d’Evaluation permettra de voir le brouillard se lever.
Nous ne prendrons pas part au vote sur le bilan et voterons contre ce Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière des lycées 2022-2030.
Catherine Bony, conseillère régionale Les écologistes d’Auvergne-Rhône-Alpes