Le Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation dont nous prenons acte ce jour devrait être un document fondateur pour le redéploiement industriel.
Il doit répondre à des difficultés certaines sans quoi nous raterons les évolutions des 30 prochaines années.
– Le baby boum se transforme en papy boum. Les difficultés de recrutement qui touchent aujourd’hui près de la moitié des entreprises de notre territoire sont de plus en plus présentes. Cela peut aller jusqu’à une compétition entre employeurs et nous l’avons connu dans le passé récent à St-Etienne. La grande démission qui touche les États Unis depuis une vingtaine de mois commence à percuter aussi l’Europe. 500 000 démissions environ en France en septembre dernier.
– L’inflation des coûts de l’énergie pourrait ralentir durablement la volonté de croissance affichée par certains. C’est le fruit de la guerre proche, mais c’est aussi inéluctable car les réserves mondiales connaissent des limites.
– La tension sur les matières premières et les matériaux invite à relocaliser l’industrie.
Nous partageons le diagnostic mais nous avons l’impression que beaucoup trop d’entre nous, et, notamment dans ce SRDEII, ne conduisent pas la réflexion jusqu’au bout.
Prenons des exemples récents, la pénurie de Doliprane, comme celle d’Insuline au début de la crise du Covid.
Cela nous éveille parce que nous comprenons tous que si nous pouvons dépendre pour la production de nos jouets de la Chine et de l’Asie, il est hors de question que nous ne soyons pas autosuffisants pour des besoins aussi vitaux que les médicaments.
Et au-delà, c’est l’équilibre alimentaire mondial sur lequel nous devons nous interroger car nous ne pouvons avoir la production actuelle de bovins européens sans les tourteaux de soja brésiliens. Cette mondialisation à outrance appuyée sur une néolibéralisation délirante a mis en danger nos approvisionnements mais aussi et surtout menacé très gravement la planète et ses habitants.
Face à cette crise, le document régional que nous votons est bien léger sur les moyens et les financements mis en place par les collectivités pour mener à bien une telle conversion.
Tout le monde affirme vouloir réindustrialiser localement en sauvant la Planète, mais les retraits incessants sur les financements de grands et de petits projets régionaux qui pourraient pourtant contribuer à faire marcher l’économie locale : retraits de la région sur les travaux d’amélioration du réseau ferré, retrait pour la conversion des véhicules professionnels dans les Zone à Faible Émission, … ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres.
Sur le partage des objectifs, le Conseil Economique et Social Environnemental Régional dans son avis a regretté le manque de dialogue social pour le SRDEII. Comment peut-on imaginer l’avenir de la région sans co-construire la démarche ?
En réalité, c’est une vision étriquée de l’économie centrée exclusivement sur l’industrie. Mais il n’y a pas d’économie sans services publics, sans économie sociale et solidaire, sans associations qui sont essentielles à notre qualité de vie et justement à l’attractivité des entreprises.
Les métiers en tension en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont dans les services qu’ils sont principalement situés.
A la lecture de ce Schéma, j’ai hésité entre le déni, l’inconscience ou l’irresponsabilité. Nous n’avons plus 3 ans pour agir avant que ne se produisent des phénomènes climatiques totalement incontrôlables et irréversibles. La moitié du Pakistan, des millions d’humains sont sans abris depuis cet été.
Nous vivons déjà avec la sécheresse, les canicules précoces et la grêle.
Au moment où je parle, le département de la Loire fait encore tourner des publicités pour faire la publicité du gouffre financier de la station de Chalmazel. Dans la Loire, c’est fini les sports d’hiver.
Ce mois de novembre, la température aux limites du cercle arctique était positive. C’est-à-dire qu’il a fait 1° à midi à Kiruna au nord de la Suède, soit en moyenne 25-30° de plus qu’il y a 20 ans. Quand cet air « froid » se décharge vers le Sud, il n’est pas assez froid pour permettre le gel et les chutes de neige chez nous.
On l’a vu partout.
Les feuilles ont roussi en novembre avec un mois de retard.
L’herbe a repoussé cet automne.
Les fleurs ont refleuri avec même une récolte exceptionnelle de miel en automne.
Bref, le problème ce n’est plus d’avoir des retenues collinaires, c’est de tenter de contenir la catastrophe pour avoir un climat d’Afrique du Nord dans nos régions, en espérant que ce ne soit pas celui du Sahara.
Ce Schéma comme tous les autres se contente de parler de « décarbonation », comme si cela pouvait suffire à inverser la vapeur.
C’est encore un schéma, comme votre plan climat que vous présentiez il y a quelques jours, beaucoup trop ancrés dans le 20ème siècle.
Donc, ils ne peuvent offrir une vraie perspective, le maître mot, c’est la croissance pour l’instant encore irraisonnée, et trop souvent encore sans se soucier des conditions de travail et de la santé des victimes du productivisme à tout crin.
Prenons des décisions comme quand nous sommes parents, en construisant ce que nous voulons pour nos enfants quand ils seront adultes.
Il nous faut bifurquer et renoncer aux activités les plus nuisibles à l’environnement, à notre santé et à notre biosphère !
Pas un centime d’argent public ne doit aller à des activités qui contribuent à accélérer le dérèglement climatique.
Il n’y aura pas d’économie florissante sans biodiversité, pas de rendements agricoles sans eau, pas de tourisme sans préservation de nos patrimoines naturels.
Il faut le graver dans nos politiques !
Olivier Longeon, conseiller Europe Écologie Les Verts de St-Etienne Métropole