Construction et exploitation d’un nouveau centre de tri de déchets à Firminy // Intervention de Julie Tokhi au Conseil Métropolitain // 30 septembre 2021
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Ces 2 premières délibérations sont d’une importance capitale pour l’avenir du territoire de Saint-Étienne Métropole et la prise en compte de notre impact à toutes et tous sur l’environnement. L’implantation d’un nouveau centre de tri de dernière génération doit nous permettre de répondre aux enjeux des décennies à venir. 

Aujourd’hui, nous tenons à saluer l’action des associations.

Dès 1990, la FRAPNA, devenue France Nature Environnement, lançait une opération pilote et expérimentale de recyclage des bouteilles plastique qui allait conduire à la création d’éco-emballages.

Saluons la pression des associations diverses et variées qui ont poussées pour la mise aux normes notamment du Pâteux devenu Borde matin. Souvenons nous des 50 stéphanois métropolitains qui ont renvoyé leur déchets au maire de Lausanne qui avait décidé de se servi de la décharge de Roche la Molière pour sa ville au mépris de l’écologie.

Félicitons-nous des dizaines d’actions de sensibilisation à l’éco-citoyenneté que toutes les associations ont conduites dans nos écoles.

Nous ne pouvons pas nous permettre de produire des déchets sans se soucier de leur devenir. En cela, la création de ce nouveau centre de tri des déchets est une excellente nouvelle. Elle répond aux nouvelles exigences nationales actuelles et à venir. Pour rappel, la loi impose l’extension progressive des consignes de tri à tous les emballages pour l’ensemble des ménages français à l’horizon 2022 et la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire fixe l’objectif de 100 % de plastique recyclé d’ici janvier 2025.

Il y a donc urgence pour St Etienne Métropole d’investir en ce sens, et de doter le territoire d’outils permettant, a minima, d’atteindre les objectifs fixés. Ce n’est pas une option. Une nouvelle fois, quand il s’agit de réduire notre impact sur la planète. St Etienne Métropole attend d’être contrainte pour agir. Ce n’est pas satisfaisant. 

L’offre retenue et qu’il nous est proposée de valider aujourd’hui est celle faite par SUEZ, au dépend de celle déposée par le groupe PAPREC. Les élu·es écologistes stéphanois regrettent que la construction du nouveau centre de tri soit déléguée à un grand groupe du CAC 40. Oui, c’est un investissement important mais nécessaire, et qui, sur le long terme, peut rapporter de l’argent à la collectivité par la revente des déchets collectés à des structures assurant leur recyclage ou leur valorisation. C’est vrai, le retour sur investissement prend du temps, plus de temps qu’il n’en faut pour arriver à la prochaine échéance électorale, chacun ses priorités. Comme pour l’eau, la gestion des déchets est une grande responsabilité pour la collectivité, et nous pensons qu’il est de notre devoir de prendre en charge ces services essentiels rendus aux habitantes et aux habitants. Néanmoins, la négociation faite auprès de SUEZ semble satisfaisante puisqu’elle permet, à terme, à St Etienne Métropole de devenir propriétaire de l’installation, bien que ce soit Suez qui prenne en charge la construction, la mise en service et l’exploitation. On peut alors espérer qu’un jour, l’exploitation de ce centre de tri pourrait être réalisée en régie publique, et ne plus être déléguée à un prestataire privé. L’avenir nous le dira…

En attendant, St Etienne Métropolitain se doit d’être exigeant avec le prestataire. Et maintenant, c’est le bon moment pour poser des outils de contrôle fiables et impartiaux. Les élu·es écologistes stéphanois s’inquiètent du manque d’investissement dans ce point essentiel : le contrôle qualité et le suivi. Dans le projet présenté, nous apprenons que la somme allouée au contrôle de l’infrastructure n’est que de 10.000€ la première année, puis on passe à 15.000€ la deuxième année, pour arriver à un budget de 35.000€ par an alloué au contrôle à partir de l’année suivante. 35.000€/an… Ce qui représente à peine plus que le coût total d’un employé au SMIC à l’année. Difficile d’imaginer que cela sera suffisant pour embaucher un cadre à plein-temps pour mener à bien cette tâche essentielle. A ce sujet, contrairement à Suez, PAPREC propose dans son offre d’embaucher 3 agents pour les services administratifs, les visites, et le contrôle Qualité Sécurité Environnement. Avez-vous des précisions à apporter sur la façon dont Suez envisage d’assurer ce suivi ?

Autre élément important, le nouveau centre de tri devra permettre l’extension rapide des consignes de tri. C’est-à-dire que les habitantes et les habitants du territoire pourront jeter dans le bac de tri l’ensemble des emballages, que ce soit des bouteilles plastique, des barquettes ou des pots de yaourt. Très bien. Cela permettra, enfin, de réduire la quantité de déchets hautement nuisibles à l’environnement qui sont actuellement enfouis sous le site de Borde-Matin à Roche-la-Molière. Mais qu’est-ce qui est prévu pour ces déchets qui seront nouvellement collectés ? Seront-ils recyclés à proximité ou seront-ils transportés par camion à des kilomètres de notre territoire, générant ainsi des pollutions de l’air ? Finiront-ils incinérés ou enfouis, faute de solution ? Là aussi, c’est le bon moment pour réfléchir à leur valorisation. Au-delà des obligations légales, les collectivités doivent mettre en œuvre une politique globale de la gestion des déchets. 

Autre inquiétude : le rapport d’analyse mentionne à plusieurs reprises que certains éléments manquent encore pour la bonne évaluation des projets. La décision que nous allons prendre aujourd’hui engage les collectivités pour 12 ans avec le prestataire choisi. Doit-on comprendre qu’il reste des points à négocier avec le prestataire ? Après la signature du contrat, il sera trop tard pour obtenir des garanties.

De même, pas d’analyse d’impact environnemental ni des nuisances éventuelles à venir pour les riverains. 

Enfin, le projet proposé propose 3 formules de fonctionnement : une basique, qui permet la mise en place de l’extension des consignes de tri, mais aussi en option 1, le tri d’une sorte supplémentaire de papier et en option 2, le tri complet dit « à la résine » des emballages en plastiques rigides. Quel choix va être opéré ? Le rapport suggère de mettre en œuvre l’option 1 dès la mise en service. Qu’en est-il de l’option 2 ? L’investissement est, certes, important. Mais l’activation de cette option n’engendrerait pas un surcoût démesuré. Notre territoire se doit d’être innovant et proactif pour faire face aux enjeux de la pollution. Là aussi, c’est le moment de faire preuve d’ambition, et de rendre à Saint-Etienne Métropole toute sa dimension visionnaire qui a fait sa réputation par le passé. 

Notre groupe s’abstiendra sur ce dossier.

Julie Tokhi, conseillère métropolitaine du groupe Le temps de l’écologie

Une réflexion au sujet de “Construction et exploitation d’un nouveau centre de tri de déchets à Firminy // Intervention de Julie Tokhi au Conseil Métropolitain // 30 septembre 2021

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