Règlement Local de Publicité // Intervention d’Anne de Beaumont au conseil de St-Etienne Métropole // 4 octobre 2018
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Evidemment, nous souscrivons à ce règlement métropolitain de la publicité. C’est pour nous évident.
Un objectif fondamental dans le traitement de la publicité, c’est de rappeler les consignes de sécurité routière. Il est fondamental que l’on ne distraie pas un automobiliste avec des panneaux, sur les axes routiers.

Evidemment, nous sommes d’accord avec ces objectifs sur le paysage, la qualité de vie en ville, etc., et aussi la question de la dépense d’énergie des panneaux lumineux. Ce sera essentiel de s’y attaquer, parce que si on veut être cohérents avec notre plan climat, ce n’est pas la peine que l’on aille gaspiller de l’énergie avec des panneaux lumineux. On est en train d’éteindre les villes la nuit.

Le deuxième objectif est la question de la santé, entre autres la santé des enfants et la santé des jeunes. Aujourd’hui, on est ici beaucoup à être parents de jeunes ou d’ados, et à lutter contre l’addiction des jeunes par rapport à tout ce qui est numérique, l’image, le temporel, tout ce qui est pulsionnel, etc. La publicité en fait partie. Aujourd’hui, c’est de notre responsabilité éducative et politique, au sens de la santé publique, que nous règlementions la publicité à ce niveau. Parce que nous pensons que la place prise par la publicité dans nos vies quotidiennes est devenue telle qu’elle est aujourd’hui un vrai problème politique. Nous n’en sommes plus au stade où chacun reste libre de dire oui ou non à la sollicitation, mais nous faisons face à un système massif de manipulation mentale à des fins mercantiles. C’est à notre sens devenu un problème majeur de santé publique. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Des médecins, des psychologues sociaux, des sociologues ont décrit les méthodes des publicitaires et les effets sur les individus, sur les adultes et, a fortiori, sur les enfants. L’objectif poursuivi par les publicités est en effet de faire régresser l’humain du désir à la pulsion pour orienter cette pulsion vers un acte d’achat. Le sociologue Norbert ELIAS a montré que le contrôle social des pulsions individuelles a été la clef du processus de civilisation d’une société en folie. Alors, il ne faut pas s’étonner que les effets de l’exaltation des pulsions individuelles par les publicités soient collectivement extrêmement nocifs. Désocialisation des individus, dévalorisation des valeurs collectives au profit des valeurs individualistes, glorification de la compétition entre les individus, promotion d’un monde où être c’est avoir, valorisation de la femme comme objet, etc.

En tant que responsables politiques, nous attendons de voir limiter le temps d’exposition des individus et en premier lieu des enfants et des jeunes. Si une partie de ce matraquage a lieu pendant le temps privé, en particulier sur internet, sous prétexte d’une fausse gratuité, c’est encore plus insidieux sur le domaine public. Pour nous, un des objectifs de ce règlement devrait donc être de limiter le temps de l’exposition de chacun à la publicité, pour préserver la santé mentale des habitants. De même, que nous voulons protéger la santé physique contre les expositions aux polluants, etc.

Je sais que souvent, en tout cas dans le conseil municipal c’est ce qui nous a été répondu, que l’on a besoin de ces recettes financières pour nos budgets. Je pense que nous sommes assez grands pour savoir que c’est aussi une preuve de liberté que de parfois savoir dire non à certaines recettes, à certaines sources d’argent. Sinon, la porte est ouverte à beaucoup d’autres recettes ; il faut aussi à ce moment-là accepter de se laisser corrompre, etc. On est bien capable de dire non à certaines sources de revenus. La source publicité, à un moment donné, il faut savoir aussi s’en passer. Un exemple exemplaire est celui de Grenoble, qui a effectivement remis en cause les espaces publicitaires. Grenoble s’était engagée par rapport aux citoyens, qui souhaitent aujourd’hui que l’espace public soit d’une vraie qualité, et non pas réservé à la publicité, mais plutôt à la qualité de l’espace public qui soit autre, comme des bancs, comme des arbres, des choses jolies, des belles choses, des belles œuvres culturelles.

Anne de Beaumont, conseillère métropolitaine Europe Ecologie Les Verts

Une réflexion au sujet de “Règlement Local de Publicité // Intervention d’Anne de Beaumont au conseil de St-Etienne Métropole // 4 octobre 2018

  1. A propos de l’extinction des panneaux publicitaires lumineux .
    Il a été proposé de les éteindre de 22H à 6H . Cet horaire n’a pas convenu aux maires lors des séances de travail préliminaires .

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