Situation des personnes sans abris à Saint-Etienne et dans la Loire – Lettre ouverte au Préfet – 12 janvier 2024
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Monsieur le Préfet de la Loire,

En pleine période hivernale, la situation des personnes sans domicile est particulièrement préoccupante. Les appels au 115 explosent partout en France. En tant qu’élu·es municipaux, nous souhaitons vous interpeller sur la situation à Saint-Etienne et dans la Loire. Depuis de trop nombreuses années, des solutions d’hébergement ne sont trouvées que pour une minorité des personnes ayant composé le 115 chaque jour. En 2022, 75% des sollicitations du 115 n’obtenaient pas de réponse positive. Mais cette année, ce sont plus de 95% des appels qui restent sans solution, un taux jamais atteint. Depuis plusieurs mois, la situation se dégrade inexorablement. Des situations insupportables se multiplient et mettent les personnes à la rue en danger pour leur santé physique et mentale. Les travailleurs sociaux et médicaux ainsi que des personnels éducatifs se retrouvent face à des situations insupportables, contraires aux principes essentiels de leurs professions.

Des femmes enceintes en fin de terme, de jeunes mamans et leurs nouveau-nés en sortie de maternité, des enfants et des adultes en situation de handicap… de plus en plus de personnes en situation de grande vulnérabilité n’ont aucune proposition de solution d’hébergement d’urgence. Par ailleurs, des dizaines d’entre eux demandent un RDV en Préfecture depuis des mois, en vue de la régularisation de leur situation administrative. Les délais imposés laissent ces personnes dans un flou administratif qui les empêche d’être autonomes et d’accéder à un logement pérenne, ce qui participe à la saturation des dispositifs d’hébergements institutionnels et citoyens. La générosité dont font preuve les Ligériens et ici les Stéphanois ne peut combler indéfiniment les défaillances des services publics. Les associations estiment qu’au moins 700 personnes seraient hébergées gracieusement par des habitant·es du département, dont plus de 80 enfants. C’est autant de places d’hébergement qui auraient pu, qui auraient dû être disponibles dans notre département.

Lors du comité départemental de veille hivernale du 15 novembre, vous avez annoncé que la structure d’accueil d’urgence des Lauriers ne rouvrirait pas, faute de moyens. Ce sont donc 93 personnes qui ne pourront plus y trouver refuge cet hiver. Malgré la vague de froid saisonnière qui traverse actuellement le pays, le Plan Grand Froid n’est toujours pas déclenché dans notre département. Pourtant, les températures restent négatives depuis plusieurs jours, même en journée.

Les associations et collectifs ont beau se démener au quotidien et fournir un travail salvateur, elles n’ont pas les moyens de répondre aux immenses besoins sur le territoire. Il n’est pas normal que des communautés éducatives soient contraintes de mettre à l’abri par elles-mêmes les familles d’enfants scolarisés dans leurs établissements. Il n’est pas acceptable non plus que des travailleurs sociaux et médicaux n’aient d’autres solutions que de solliciter des structures citoyennes pour apporter des solutions que l’Etat et les collectivités qu’ils représentent ne se mettent pas en capacité de proposer. La mise à l’abri d’urgence organisée par plusieurs associations, dont Emmaüs, au sein des locaux de l’Église Saint-Pierre de la Marandinière ne doit pas dédouaner l’Etat et les collectivités de leurs responsabilités. Les bénévoles agissent avec pertinence et engagement mais les forces vives s’essoufflent et ne pourront pas assurer indéfiniment le rôle que l’Etat et les collectivités devraient assumer. 

En raison de la situation inédite rencontrée par notre département et plus particulièrement Saint-Etienne, nous souhaitons interpeller vos services préfectoraux, mais aussi l’Etat, afin que des solutions viables soient trouvées au plus vite et que des drames soient évités. De notre réactivité à toutes et tous dépendra la mise à l’abri des personnes sur notre territoire.

Nous tenant à votre disposition pour tout échange, veuillez recevoir, monsieur le Préfet de la Loire, notre considération.

Germain Collombet, Danielle Teil, Jean Duverger, Julie Tokhi, Olivier Longeon

Conseillers municipaux et métropolitains écologistes de Saint-Etienne